De sa cabane au Canada, Jean-Louis Tripp est passé à la campagne profonde française de la fin des années 60. Les Trente Glorieuses ne savent plus où donner de la tête dans Les Vents ovales et le monde par contre a des soubresauts violents en cette année 1967. Au scénario avec Aude Mermillot, Tripp raconte sur le dessin de Horne (Liber Pater) la vie au quotidien de deux villages du sud-ouest reliés par un pont et une passion dévorante pour le rugby. Entre Toulouse et Montauban, Castelnau et Larroque vivent au rythme d’un quotidien bien cadré sauf quand il y a match le dimanche. Pas du vécu mais bien reconstitué car en cette même année 1967 j’en connais un à Dax où le rugby imposait sa loi au collège car les entraineurs se servaient souvent dans les rangs des élèves. USD avec Albaladejo qui devient commentateur radio en 1968 obligent. Et où en 1967, dans la cour sur un petit poste transistor on écoutait les reportages sur la guerre des Six Jours. Ah oui, pour le rugby encore, le samedi on avait cours et l’après-midi TV obligatoire pour voir les matches du Tournoi avec ce cher Roger Couderc au micro plus tard flanqué de Pierre Albaladejo. Allez les petits. Donc merci Tripp et Mermillot, ces Vents ovales m’ont aussi rajeuni.
1968 dans le stade à Larroque-sur-Garonne mais un an avant Yveline va raconter l’histoire de son village et de l’autre bourg, Castelnau. Un pont entre les deux avec en trait d’union le rugby. En mai 1967 la guerre au Vietnam fait rage, Presley se marie, on se rebelle en Guadeloupe. Et il y a la finale de rugby pour le bouclier de Brenus. Montauban bat Bègles et devient champion de France. Bonne humeur, joie et embouteillages. Direction la 3e mi-temps et autant la faire sur le pont pour les supporters des deux villages qui sont allés au match. Yveline est avec Monique qui a eu l’idée. On parle rugby avec les grillades. Lendemain difficile même pour le curé Antoine entraineur de l’USM comme le patron de l’usine, François Amadieu dont la fille, Monique est étudiante au CREPS. L’instituteur Vassiliu a lui aussi besoin d’aspirine. Tous des fous avec ce rugby mais ce qui n’empêche pas les romances.
On va dire qu’on a un préjugé favorable pour ces Vents ovales car on a tous les repères vécus nécessaires. Donc qui permettent de comprendre mais aussi de constater l’authenticité du propos, du récit, des ambiances. Nostalgie peut-être mais elle fait du bien. Le dessin un peu figé, le découpage se tiennent bien, les personnages sont à la fois truculents et vrais. Pas de consoles, portables, TV en noir et blanc, champs où on joue selon l’âge à des jeux différents. Yveline narratrice va passer son Bac, pas une formalité que l’on donne comme aujourd’hui. 61% d’admis et un niveau digne d’une licence de nos jours. Certes, tout n’était pas rose, on le verra mais le scénario est chaleureux, séduisant.
Les vents ovales, Tome 1, Yveline, Éditions Dupuis Aire Libre, 26 €
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