Mine de rien en 2022, le premier tome de La Belle espérance était prémonitoire. Le Front Populaire pointait le bout de ses avancées sociales. dans ce volume. On ne parlerait pas de Révolution mais d’exécuter un programme. Rien de bien nouveau après les dernières législatives sauf qu’il n’y a pas un Blum aux commandes. Dans le tome 2 on passe aux choses sérieuses avec 36, les grandes grèves, les manifestations et l’abandon de l’Espagne républicaine par les démocraties bien pensantes. Les héros de Chantal Van den Heuvel au texte, Anne Teuf au dessin (Finnele) à la fois naïf, riche et clair qui parfois à quelques curieux petits dérapages dans les visages, Lou aux couleurs, ont être les témoins actifs de l’Histoire à travers la leur.
8 juin 36 au Vel d’Hiv on pavoise, vive Blum et Thorez, le Front Populaire. Louison n’est pas venue, Roger aurait pu retourner en Bretagne reprendre l’auberge de son beau-frère Fernand. Louison ne serait pas d’accord et prête à tout pour réussir, même à avoir une relation avec une femme de la haute. Les accords de Matignon n’ont pas désarmés les grévistes qui en plus de l’argent veulent de la considération. Germaine est retournée chez Fernand à l’auberge mais à ses conditions. Elle sait que Fernand a volé l’héritage de Roger et le fait chanter d’autant que sa femme Marie-Jeanne a une petite santé. Tout peut lui arriver. Blum défend son gouvernement qui est contre l’anarchie, pour l’ordre. Le Front sans les communistes est fragile, les paysans veulent qu’on les protège contre la spéculation. Les communistes sont le plus grand parti de France. Chez Renault c’est la dictature du prolétariat que l’on veut à Billancourt mais rien ne bouge. Roger s’en indigne. Et sa Louison est désormais dans les réceptions des grands couturiers tout en s’indignant de ce qu’elle entend, elle qui a manifesté au Père Lachaise. Les ligues d’extrême droite défilent.
Doriot, Maurras, Salengro qui veut dissoudre les ligues et se suicidera après une campagne de dénigrement, Jean Zay abattu par la Milice en 1944, Léo Lagrange tué en 1940, la vie au quotidien d’un peuple qui a de l’espoir, Louison mannequin, la chronique de ses temps nouveaux est large. Le dessin rend bien l’ambiance de cette époque pas si lointaine finalement au moins sur le fond. Un large détour en Espagne pour une meilleure compréhension des positions de Blum et la fracture du Front, La Belle espérance est un miroir dans lequel on pourrait bien se reconnaître. Un excellent diptyque.
La Belle espérance, Tome 2, Éditions Delcourt, 24,95 €
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