Un drame dont on se souvient peu aujourd’hui mais qu’il est bon de rappeler alors que l’antisémitisme ne fait qu’augmenter. En mai 1939, le paquebot allemand Saint-Louis embarque à Hambourg 931 Juifs qui ont payé cher aux nazis le droit de quitter l’Allemagne où ils sont persécutés depuis l’arrivée au pouvoir d’Hitler. Ils partent vers Cuba mais ce ne sera pas leur destination finale malgré leurs visas obtenus légalement. Un homme pourtant fera tout pour eux, le commandant du Saint-Louis qui sera un des Justes parmi les Justes. Une odyssée mise en images d’un trait étonnement fort et soutenu pour un premier album, Alessio Lo Manto qui a un petit côté Lapo. Le scénario est de Sara Dellabella une journaliste romancière qui dans quelques lignes de préface prévient que si les faits sont vrais il y a de sa part une part de roman dans son texte.
Berlin novembre 1938, le nazisme est tout puissant et déjà on déporte, on spolie les Juifs qui ne peuvent plus travailler, on double le prix de leurs loyers. Les Adler font leurs valises. On tente de trouver de l’argent. Chez les Weiss âgés, les enfants ne veulent pas partir. Le capitaine Schröder apprend qu’il va commander un paquebot avec 931 Juifs, opération de propagande de Goebbels mais les dés son truqués. On n’a pas tout dit à Schröder. Il risque bien d’y avoir des espions à bord pour faire des rapports à Berlin. Embarquement et départ mais pas facile de quitter son pays natal. Une vie au jour le jour mais agréable mais les marins sont Allemands et on passe aux passagers des actualités effrayantes, une guerre prochaine. Un prêtre aux USA fait des émissions de radio antisémites pro Hitler. A Cuba on commence à regretter e donner asile aux Juifs qui prendraient le travail des Cubains. Hell un marin affronte le capitaine pour qu’il applique à bord les lois du Reich. Suicide bizarre, la traversée sera difficile et ce n’est qu’un début.
Le Saint-Louis ne pourra débarquer ses passagers à Cuba. Cuba revient sur ses visas et impose une caution. Seuls les plus riches pourront le payer, 500 dollars par personne, somme très importante à l’époque, une trentaine. Retour vers l’Europe, car les USA ont atteint leurs quotas d’immigration. Roosevelt ne fait rien. Plus faux cul, difficile. Idem pour le Canada. La France dit oui comme la Hollande et la Belgique. Au final 254 passagers du Saint-Louis seront déportés et mourront dans les camps. Pas une nouvelle des autres et cela se comprend. En 2018 le Canada présentera ses excuses. En 1957 Schröder reçoit du mémorial Yad Vashem en Israël le titre de Juste parmi les nations. Une tragédie oubliée qu’il était bon de rappeler et qui prend qui plus est toute sa signification de nos jours. En fin d’album le témoignage d’un survivant, Sol Messinger qui avait six ans sur le Saint-Louis.
Le voyage du Saint-Louis, Un épisode oublié de la Shoah, Marabulles, 19,95 €
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