Il faut absolument privilégier les essais, les tentatives, les projets qui se concrétisent et interpellent les petits yeux chafouins mais avisés (parfois) des chroniqueurs de BD. Avec Inavouable, Théophile Sutter a jeté un pavé dans la mare aux albums, ouvert une fenêtre dans l’univers spatio-temporel du 9e Art. Il a même laissé la place dans la couverture de cette œuvre inestimable à un trou de serrure à boucher par un découpage fort subtil qui en prime laisse jouer l’imaginaire du lecteur abasourdi. Mais qui y-a-t-il derrière tout ça ? Allez on va vous le dire mais pas tout.

Dix-huit anecdotes infamantes 100% véridiques retranscrites en bulles et BD. Damned comme dirait Mortimer. Donc il se présente Théophile qui écrit un pamphlet sur notre monde (on est d’accord) de m… Il avoue donc comment l’idée de cet album lui est venu à l’esprit après son deuxième bouquin Le Roi honnête. On vous la fait courte. Il récolte les anecdotes vraies les plus honteuses de ci de là. Tout est vrai, il le jure et vous souhaite bonne lecture. Il a raison et on n’est pas déçu par le voleur de plaques anciennes signalétiques (oui il y en a encore dans les coins perdus) qui paume sur le lieu de son crime odieux sa carte vitale. Angoisse et après ? Idem pour l’affreuse méprise qui traumatise ses parents. Cris d’orgasme furieux dans sa chambre d’ado entendus par papa et maman. Qu’est-ce ?

Il y a le dessin, le graphisme, la capture du trait. On aimerait lui demander comment il travaille. Ses pages sont des créations dignes d’une belle galerie. Couleurs aussi, il fait dans le talent ce garçon qui vous invite à regarder par le trou de sa serrure. Il y a de l’humour infernal, un agent double, un chatatouille, tout se tient bien et on aime vraiment étonné, séduit. L’album tout public et déraisonnablement, inavouablement sympathique.

Inavouable, Hachette Heroes, 24,95 €