Des Étrangers dans les lavandes, et les « Chinetoques » du bonheur

Une belle histoire qui sent bon aussi le thym, l’ail et le romarin de Bécaud et bien sûr ceux de Pagnol dans ses Souvenirs d’enfance. Pas un hasard que ce soit Serge Scotto qui signe ces Étrangers dans les lavandes. Il a adapté les meilleurs textes de Pagnol (Marius) dont le ton l’a inspiré pour cette saga villageoise provençale avec son maire, son instituteur, son facteur, l’ancien cultivateur de lavande dont la vie a basculé à la mort de son fils en Indochine. Sauf que ce sont des « Chinois », des « Chinetoques », en fait des Cambodgiens réfugiés qui vont venir peut-être sauver le village qui se meurt. Une base authentique en 1970 avec l’arrivée en France des boat people dessinée par Emmanuel Saint au coup de crayon ensoleillé et réaliste pour un album qui a un joli accent de vérité et de bonheur retrouvé.

Des Étrangers dans les lavandes Le chant des fadas pourraient rendre gagas et en Provence il y en a beaucoup. D’où ces ravis comme dans la crèche, des fadas simplets. Bobo lui il est du village d’Antoine qui fait la gueule. Le tocsin sonne pour une arrivée qui va transformer sa vie et celle des rares habitants encore là. Mais rien n’avait été simple depuis l’automne précédent. Le maire Boutiquet a un bon fond. Son fils est premier de la classe qui a trois élèves. Mais l’avenir s’annonce souriant. Le facteur fait sa pause quotidienne chez l’avenante Madame Simon. Il a remis au maire une grosse enveloppe. Il n’ y a plus que le bistrot du maire à qui il reste à convaincre Antoine dans son ancienne distillerie de lavande. Et s’il cultivait à nouveaux ses champs ? Qui étaient pour le fils d’Antoine mort au combat. Le maire a eu une idée placardée sur le mur de la mairie. Des Cambodgiens réfugiés après la prise de pouvoir des Khmers Rouges vont venir s’installer. Des « Chinetoques » grâce à qui les lavandes vont refleurir ce qui fait sortir son calibre 12 à Antoine.

Des Étrangers dans les lavandes

Une belle page sur l’immigration, celle qu’on oublie parfois comme le rappelle Serge Scotto en postface des 20 000 travailleurs indochinois en 1940 envoyés en France. 1970 ce sera l’année des Vietnamiens et des Cambodgiens et l’exode rural qui est le début de cette belle fable comme la qualifie Scotto. On n’ira pas plus loin sur ces Cambodgiens, Antoine et son grand cœur qui va se rouvrir au bonheur. On se dit aussi que ces Étrangers pourraient bien être les héros d’un excellent film ou d’une mini-série. On s’est régalé en entendant ces cigales, bioudiou.

Des Étrangers dans les lavandes, Éditions Delcourt, 24,95 €

Des Étrangers dans les lavandes

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