On avait déjà eu Anne Bonny par Franck Bonnet historien chez Glénat, la louve des Caraïbes. Au cinéma il y a eu La Flibustière des Antilles. Les femmes pirates, Bonny ou Mary Read, cas d’espèces dans un monde macho et de marins superstitieux (une femme à bord portait malheur) ont toujours enflammé l’imagination. Il y en a eu en fait depuis l’Antiquité. On revient une fois de plus sur cette figure mythique qu’est Anne Bonny dont c’est la dernière nuit qu’a mis en scène Claire Richard au scénario et Alvaro Ramirez en images. Pas une sainte la Bonny mais aux circonstances atténuantes. Ses dernières heures (bon pitch scénaristique) elle va les passer à raconter sa vie à Apolline meilleure fille du bordel qui appartient à Bonny. Comme quoi la piraterie et la flibuste menaient à tout l’âge aidant. C’est son podcast d’Arte Radio que Claire Richard avec Ramirez ont adapté avec brio et on se passionne pour cette Anne si atypique.
Dans la rue du Quartier Français à La Nouvelle Orléans, Anne Bonny a vu la mort, la sienne qui lui annonce qu’elle mourra à minuit. De retour dans son bordel, Anne appelle la très belle Apolline sa sous-maîtresse prostituée. Anne a du respect pour elle à qui elle décide de raconter sa vie, en prime de lui confier sa succession. Elle lui montre sa biographie écrite par le capitaine Johnson, un recueil d’inepties en 1724 plus un complément à la vie d’Anne Bonny et Mary Read par elle-même. Mary Read, Anne l’a beaucoup aimée. Confrontation d’auteurs historiens, un émule de Johnson peut-être et une femme qui pense qu’on en sait plus que ça sur Bonny), divergences. On enchaîne. Bonny redevient une petite fille, mais Johnson aurait tout inventé. Fille d’avocat, Anne est aussi celle de la bonne qui va s’occuper d’elle. Un homme vient la voit parfois, lui raconte des histoires de mer. Bonny est une solitaire, porte un pantalon. Quand la femme légitime de son père apprend la vérité, elle les vire. Direction la Caroline du Sud et elle a intérêt à rester habillé en garçon.
Traversée mémorable, une plantation, l’esclavage, un tempérament de feu et premier contact avec la piraterie, à Charlerston, Barbe-Noire qui y débarque. La suite c’est plus qu’un roman encore que le drame est toujours de la fête. Anne Bonny montera à l’abordage et ne fait pas de pitié. La rencontre avec Mary Read, Jack, un trio infernal et puis la fin. Avec quoiqu’il en soit, vérité ou pas, une certaine émotion pour une femme qui certes n’était pas une sainte mais sera allé au bout de son destin et de sa légende.
La dernière nuit d’Anne Bonny, Éditions Le Lombard, 22,50 €
Articles similaires