On l’appelait Bebeto, l’amitié comme seule richesse

L’Espagne, la banlieue de Barcelone, les années 1990, ce sera l’histoire d’une solitude rompue par l’amitié de Carlos et celui qu’on appelait Bebeto. Un parcours difficile, sans pitié, le souvenir d’un frère mort, le foot, des gosses paumés et au cœur grand ouvert. Javi Rey est un pilier de la BD catalane (Violette Morris) et une fois de plus signe un album d’une rare sensibilité.

On l'appelait Bebeto Litus a un grand frère protecteur, Miguel qui le sort des pattes de petits voyous. On joue dans la cour de l’immeuble, on parle foot et il y a à un balcon Bebeto, un surnom, qui demande à sa maman dont la raison vacille de rentrer car elle est nue. On se moque mais Miguel ne le supporte pas et explique à son petit frère que parfois la vie n’est pas douce. Leur grand-mère mémé Ilu elle aussi est bizarre. Elle se passionne pour le Tour de France et un certain Miguelito qui court. Litus veut qu’on l’appelle Carlos maintenant qu’il a grandi, pas Carlitos. Trois ans après l’accident de son frère, il tombe sur un bouquin qui montre les oiseaux urbains de son coin, découvre les environs de sa cité. A dix ans ce sont les terrains de foot qui attirent Carlos. Ou la plage où bronzent de jolies filles, les boîtes de nuit mais pour l’heure Carlos en ignore tout. Sa passion le foot, ce sont les triangulaires, des matches de trois équipes de cinq. Saut que problème, celle de Carlos n’en a que quatre. Et si on demandait à Bebeto de jouer ? Plus âgé, Carlos lui, parle pour la première fois.

On l'appelait Bebeto

Une jeunesse initiatique, violente en fait, socialement, familialement, la perte du grand-frère, terrible. Et puis cette incroyable amitié que Litus qui déteste ce surnom va nouer avec Bebeto, brave gosse malmené par la vie, un surnom de joueur de foot (rien à voir avec le bébête français). Des moments riches qu’il faut absolument découvrir dans cet album qui fait aimer la vie mais émeut. Le mystère Bebeto, Sorrow la jeune et jolie cousine et enfin le vrai prénom de Bebeto. Les auteur espagnols savent à merveille raconter ce genre d’histoires, tracer le contour des âmes et en faire partager la richesse. Bebeto c’est à la fois doux, tendre et dur, triste. Une leçon de vie de gosses qui aimeraient appuyer sur pause parfois. Javi Rey est un bel auteur.

On l’appelait Bebeto, Éditions Dargaud, 24 €

On l'appelait Bebeto

5/5 - (3 votes)