Faire une BD est une chose, en parler et permettre ainsi une étude précise, une vulgarisation intelligente du travail d’auteurs divers en est une autre tout autant précieuse. Voilà pourquoi il était nécessaire d’annoncer que La Musique silencieuse de José Muñoz et Carlos Sampayo d’Erwin Dejasse reçoit le Prix SOBD Neuvième Art 2024 du meilleur ouvrage sur la bande dessinée.
Le Prix SoBD Neuvième art pour l’année 2024 a été remis à l’étude magistrale d’Erwin Dejasse intitulée La Musique silencieuse de José Muñoz et Carlos Sampayo, parue dans la collection Iconotextes des Presses Universitaires François Rabelais de Tours. Réalisé à partir d’une thèse de doctorat soutenue en 2024, ce travail d’Erwin Dejasse détaille la filiation artistique entre les maîtres classiques du réalisme américain (Harold Foster, Alex Raymond et Milton Caniff) et une partie de la bande dessinée argentine et européenne. Notant la prédominance des approches narratives dans l’étude de la bande dessinée, adossé à la conviction selon laquelle l’étude du dessin devrait avoir pour le moins le même poids dans l’approche d’une discipline artistique où l’image est prédominante, l’ouvrage de Dejasse se range sur l’étagère trop clairsemée de l’esthétique de la bande dessinée. Jamais jargonnant, faisant un effort constant de simplicité et d’intelligibilité dans le propos, La Musique silencieuse de José Muñoz et Carlos Sampayo est un titre qui offre un commentaire judicieux d’une œuvre dont l’importance est primordiale au sein du neuvième art contemporain, qui s’inscrit dans une longue lignée de dessinateurs de premier plan (de Caniff à Pratt en passant par Breccia ou Jijé, pour n’en citer que quelques-uns), et dont l’abord réputé difficile profitera indéniablement.
« L’intérêt de l’ouvrage d’Erwin Dejasse réside dans la synthèse harmonieuse entre réflexion théorique, approche historique et monographie d’auteur », estime Harry Morgan, membre de l’Académie de Stripologie française et à ce titre du jury du Prix SoBD Neuvième art. « C’est la réflexion esthétique qui constitue le fil conducteur de la recherche, approche d’autant plus intéressante qu’elle est devenue rare dans la stripologie contemporaine. » « Outre le remarquable ouvrage d’Erwin Dejasse, ce prix récompense également le travail de long terme des presses universitaires de Tours qui, au fil des années, ont bâti avec Iconotextes une collection de référence des études sur la bande dessinée », note pour sa part Syvain Lesage, membre de l’Académie du Neuvième art ainsi que du jury.
96 ouvrages sur la bande dessinée ont été recensés cette année pour le Prix SoBD Neuvième art. 12 nominés, ouvrages particulièrement notables, ont été sélectionnés parmi l’ensemble de ces titres. Les nominés et la liste exhaustive des 96 livres sont consultables sur le site du SoBD.
A propos du Prix SoBD
Le Prix SoBD a été créé en 2013, et décerné conjointement avec la revue Papiers Nickelés jusqu’en 2021. Il portait alors sur le champ de l’image imprimée, incluant la bande dessinée. Constatant le nombre important de titres spécifiquement dédiés à la bande dessinée, le Comité de pilotage du SoBD a souhaité qu’un prix soit consacré exclusivement aux ouvrages consacrés au 9e art. Pour ce faire, il s’est associé avec la revue Neuvième art, éditée par la Cité de la Bande dessinée. Le Prix SoBD Neuvième art est désormais décerné par l’Académie de Stripologie française, issue du SoBD, et par l’Académie du Neuvième art, issue de la revue homonyme de la Cité. Rappelons que le prix a récompensé les titres suivants : [2013] Gus Bofa, l’enchanteur désenchanté, d’Emmanuel Pallaud-Dulian chez Cornélius. [2014] M. Töpffer invente la bande dessinée, de Thierry Groensteen aux Impressions nouvelles. [2015] Jack Kirby, super-héro de la bande dessinée, de Jean Depelley, chez Neofelis. [2016] Malabar, histoires de bulles d’Alain Lachartre, chez Dupuis. [2017] Case, strip, actions !, d’Alain Boillat, Marine Borel, Raphaël Œsterlé et Françoise Revaz, publié aux éditions In Folio. [2018] George Herriman / Krazy Kat, une vie en noir et blanc, de Michael Tisserand, paru en français chez Les Rêveurs. [2019] La Bande dessinée, ou comment j’ai raté ma vie, de Benoît Barale, paru dans la collection Mémoire Vive de la maison PLG. [2020] Breccia conversations avec Juan Sasturain, de Juan Sasturain, paru en français chez Rackham. [2021] Joseph Gillain, une vie de bohème, de François Denayer, aux éditions du Musée Jijé. [2022] Shop Talk, de Will Eisner, traduit chez Komics Initiative. [2023] Dans l’ombre du Professeur Nimbus, d’Antoine Sausverd, chez PLG.
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