La collection Cockpit où Romain Hugault excelle, propose un choix de BD aéronautique qui aborde souvent des sujets méconnus. Avec Invisible Enemy on part à la découverte d’un as hongrois, Dezso Szentgyörgyi sur son Me 109. Mais la Hongrie était dans le mauvais camp pendant la guerre. D’où ensuite quand la Hongrie passe sous le contrôle de Moscou, difficile de faire un héros de celui qui a abattu des avions soviétiques en série. Mais Dezso Szentgyörgyi saura affronter l’adversité et pilotera longtemps ensuite. Une histoire d’ailes hors normes de Gyula Pozsgay aux beaux profils d’avions, mais nettement moins convaincant avec le dessin des personnages. Dommage.
En 1990 le groupe de chasse de la 101e escadre aérienne hongroise prend le nom de Puma en honneur à Dezso Szentgyörgyi. Après la guerre il a été retenu dans son pays comme beaucoup d’autres pilotes et a du cacher son passé. Même à sa famille. 1969 à Budapest, le fils de Dezso Szentgyörgyi reçoit un livre, les as du combat aériens. Parmi les Hongrois son père avec 34 victoires. Étonné il va voir son père et lui montre le livre. Dezso Szentgyörgyi accepte de lui raconter la vérité mais sous le coup du secret. Fou très jeune d’aviation il devient mécanicien et est accepté dans l’académie de pilotage. Mais secrète car la Hongrie alliée des Allemands en 14-18 n’a pas le droit d’avoir une aviation militaire. En 1939 il participe au conflit slovaquo-hongrois. En 1942 il passe sur des avions Héja construits sous licence italienne. Il abat son premier avion mais fait une gaffe car c’est une Heinkel 111 allemand, un allié qui lui a tiré aussi dessus. La Hongrie se bat face aux Russes avec la Luftwaffe et c’est sur Messerschmitt Bf 109 que passe Dezso Szentgyörgyi. Attaques au sol mais peu de chasseurs soviétiques à affronter. Juin 1943 il va enchaîner les victoires et retrouve le moral. Dans le ciel apparaissent des chasseurs US Ligthning, qui décollent d’Italie et sont abattus souvent par les Hongrois. B-17, Mustang, B-24, les Américains envahissent le ciel. Il abat quatre Liberator.
La suite c’est sa dernière victoire en avril 1945 et il se rend aux Américains. La guerre est fin, il est libéré et on le met au rencard, lui et les Puma. Il reste en Hongrie, veut travailler dans une compagnie aérienne, est traité de nazi dans un pays désormais communiste. Pourtant les Russes acceptent. Il sera enlevé ensuite par la police secrète, torturé, finira par signer des aveux, sera condamné à 7 ans de prison, ses enfants placés dans des familles d’accueil. Il revolera pourtant acquitté des accusations. Un parcours dont il a été très injuste de lui tenir rigueur. Dezso Szentgyörgyi a volé pour son pays certes dans le mauvais camp mais tout est relatif. Cela a dû aussi arriver a des Allemands de l’Est passé eux-aussi sous obédience des soviétiques communistes qui ont décimé la résistance polonaise. L’Histoire a souvent été injuste.
Invisible Enemy, Éditions Paquet, 14,50 €
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