Un détail méconnu et pourtant non négligeable méconnu de la seconde guerre mondiale côté US. On parachutait parfois des pianos aux GI’s de première ligne, histoire d’entretenir le moral. C’est la base du récit signé par Céline Pieters au scénario et Celia Ducaju au dessin. Dans Interlude on va suivre en pleine bataille des Ardennes un des ces pianos spécialement conçus pour l’Army et qui va en voir de toutes les couleurs.
Parachutage dans les Ardennes, et un piano vert olive au bout des suspentes. L’armée US ne s’attend pas à une offensive allemande et piétine dans la neige. Ramené au bivouac le piano, étonnement et satisfaction mais le parachutage n’a pas apporté munitions, médicaments dont les voilures de couleur des parachutes auraient signalé le contenu. Andrew n’en revient pas de voir ce petit piano et en joue de suite. Les boys chantent Chattanooga Choo Choo Train. John est aussi un bon pianiste. Brown est lui un vrai crooner. Moonlight Serenade au programme mais les Allemands repartent à l’offensive. Il faut évacuer en laissant tout sur place. Brown refuse de laisser le piano. Son lieutenant accepte qu’avec deux copains il se débrouille pour emporter le piano, mais à pied et ils ont 48h. Le trio équipe de cordes le piano et part dans la neige doublé par des GMC plein de GI’s. Et tombe sur des civils dont des femmes armées qui n’en croient pas leurs yeux.
Hormis sa promenade en musique, on apprend tout sur les origines de ces pianos spécialement fabriqués pour la guerre, 2346 au total par Steinway pour les fronts du Pacifique et européen. Le dossier en fin d’album illustré démêle légende et vérité. Mais c’est avant tout le quatuor formé par ce piano et les trois GI’s qui vaut vraiment le détour, très bien écrit, découpé, avec toute l’émotion nécessaire. Une playlist des chansons du bouquin, des hits de l’époque est reprise également. Un dessin de Celia Ducaju parfait, sans ostentation.
Interlude, Éditions Dargaud, 21 €
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