Les Fantômes du Mont-Blanc, les oubliés des Alpes

Un conte qui s’appuie sur une page d’Histoire, la nôtre, méconnue en deux temps. Le passage des Juifs devant la menace mortelle nazie par les Alpes vers la Suisse facilité par l’occupant italien qui fermait les yeux jusqu’à la chute de l’Italie fasciste. Les Allemands prendront la relève mais on le sait seront impitoyables. Il y a des fantômes, des souvenirs et des retrouvailles à travers le temps qui lui égrène ses minutes inexorablement. Phicil a voulu être à mi-chemin entre réalité et conte. Ce qui brouille les cartes. On aurait pu affirmer l’un par rapport à l’autre en quelques modifications scénaristiques et de dialogues. Mais la démarche est souveraine. On aimé le dessin déjà largement remarqué dans Le Grand voyage de Rameau.

Les Fantômes du Mont-Blanc Un paysage enneigé, une jeune femme et son chien, Bernie, en voiture qui est le narrateur. Eve sa maîtresse a été mutée dans une nouvelle école et ne peux le prendre. Elle lui a trouvé un compagnon très sympa, Walter Weiss. Il ne reverra pas Eve. Sur la route vers sa demeure toute neuve, il sent quelque chose, fonce dans un buisson et tombe sur un drôle de personnage à cornes et longue mâchoire. Une lumière fin se nicher dans son museau. Weiss le retrouve et lui dicte les règles à respecter dont revenir à l’appel. Walter est un vieil horloger dans un village, un amoureux des montres. Bernie tombe en arrêt sur une photo. Il est ensorcelé par cette femme qui tient un petit chien dans ses bras. La petite lumière s’échappe de son nez et plonge dans la photo. Délire ? Bernie ne comprend pas. Il est temps de faire dodo. Mais le cornu revient le voir et une lumière le réveille, le petit chien de la photo bien vivant lui demande qui il est mais est incapable de se souvenir de son propre nom. Ni la jeune femme elle aussi sortie de la photo. Derbie la lui montre. Au dos il y a marqué Edèle 1942. Elle veut absolument voir Weiss qui dort. Derbie lui dit de regarder dans un album photo où elle est peut-être. Rien à moins qu’il y ait quelque chose en face dans la Boutique des souvenirs.

Les Fantômes du Mont-Blanc

On est à Saint-Gervais pour qui connaissent ce jolie village au pied des Alpes, du Mont-Blanc. On comprend vite que Edèle est un fantôme qui va découvrit le passé familial. Elle va se rappeler son enfance avec son père, son frère Jacob, Anne sa sœur et les esprits de la forêt, des jeunes déguisés. Tout lui revient, une agression et de nouveau la fuite avec les siens. Petit à petit elle va se reconstruire avec l’aide de Weiss endormi. Pourquoi avoir transformé les Italiens en Taliens, les Allemands en Alomands ? Cela coupe sûrement une partie des lecteurs d’un rapprochement direct avec la Shoah même si on parle des Miliciens français pire encore. La tenue d’Elède réveillée dénote avec son passé, un détail. L’histoire a beaucoup de charme, les personnages sont attachants. L’Hôtel des mémoires perdues a un petit côté Beetlejuice comme d’ailleurs les réceptionnistes. Un mélange bien mené avec des accroches visuelles, la tenue de déporté que porte Charlotte l’amie d’Elède. La mort porte un masque contre la peste. On se perd un peu mais l’album a vraiment du charme.

Les Fantômes du Mont-Blanc, Éditions Delcourt Mirages, 22,50 €

Les Fantômes du Mont-Blanc

4/5 - (1 vote)