Peter Pan de Kensington, un entre-les-deux

Pour être franc le Peter Pan qui s’impose depuis des génération est celui de Disney qui lui a donné un visage, en plus évidemment du livre de James Matthew Barrie, Peter and Wendy. Encore que ce ne soit pas certain. Peu importe en fait, la magie Disney et celle de Barrie ne font plus qu’un. Et c’est là où le propos de Jose Luis Munuera qui a adapté le Petit oiseau blanc dans lequel Peter apparait pour la première fois est particulièrement pertinent. Dans sa préface qu’il faut absolument lire on apprend tout sur Peter, Barrie, le jardin de Kensington, le phénoménal succès des films ou des adaptations plus ou moins dérivées. Barrie serait-il Peter ? Munuera dont on a souvent dit que son trait avait du Disney en lui a signé un mélange savoureux des Peter pour en faire un tout neuf, Peter Pan de Kensington, une belle envolée graphique et lyrique, poétique, dramatique. Peter a désormais un autre visage bien à lui.

Peter Pan de Kensington Il y a des endroits magiques dans toutes les villes habitées par les humains. A Londres ce sont les jardins de Kensington où malheureusement on vient de trouver un corps. Sous les yeux goguenards d’un corbeau philosophe qui a quand même une certaine affection pour les enfants qui n’ont qu’un tort, celui de devenir des »grands ». Dans les jardins le soir le petit monde se réveille, les fées virevoltent et sont très mécontentes qu’une petite fille soit encore là, perdue dans les allées. Que va dire le gardien ? Faut-il la manger ? Mais Peter est pour la protéger. Maimie Mannering a six ans et selon ses parents est un ange princesse, ce qui va très bien à Peter. Mais qui intrigue Maimie qui aimerait bien savoir ce qu’il est. Un entre-les-deux selon le corbeau, ni enfant ni oiseau. Peter va aider Maimie à rentrer chez elle, une habitude qui va perturber le petit monde sous les pieds de Maimie qui a trouvé deux pennies. Les ombres sont là et sont en colère contre Maimie. Seule solution pour leur échapper, avoir la foi qui donne des ailes.

Peter Pan de Kensington

On est totalement pris par le récit, l’ambiance, le regard de Peter qui irait bien refaire un tour à Neverland avec Maimie. Le parc des fées a une bien curieuse reine très victorienne qui exauce les vœux mais à certaines conditions. Un petit clin d’œil à Crochet (et le souvenir de Hook remarquable), des arbres taquins, une devinette et en contre-champ une tristesse dont l’émotion appelle les larmes. Un vrai beau moment grâce à Jose Luis Munuera.

Peter Pan de Kensington, Dargaud, 21 €

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