Le groupe Manouchian, l’affiche rouge, deux nom qui sont toujours présents sans qu’on sache vraiment pourquoi dans les mémoires, la destruction du réseau et les fusillés du Mont Valérien en Févier 1944 restera à jamais une des plus fortes pages de la Résistance française. Les FTP -Main d’œuvre immigrée de Manouchian ont montré en donnant leur vie l’attachement au pays qui les avaient accueillis. Des immigrés venus pour la famille de Manouchian de l’empire ottoman, des Arméniens, des Hongrois des femmes et des hommes qui ont tout juste 20 ans voulaient libérer un pays qui ne voulait pas vraiment d’eux. Quand le groupe Manouchian est tombé les Allemands ont placardé dans Paris l’Affiche rouge pour diffamer leurs victimes qui restera le symbole de ces immigrés qui se sont sacrifiés. Jean-David Morvan poursuit son œuvre dans la lignée de Madeleine. Avec lui Thomas Tcherkézian pour qui c’est le premier grand chantier et une vraie réussite graphique.
Aragon a écrit un poème sur Manouchian, sur les 23 fusillés mort pour la France dont on voit les portraits à Marseille sur les murs le 22 février 1944, l’Affiche rouge. Des jeunes résistants les couvrent de graffitis et déposent des fleurs. Qui était Missak Manouchian né en 1906, un Arménien qui va errer dans le désert en 1915, voir son père fusillé par les Turcs. Alors il part mais sont repris par des prêtres arméniens, mis en orphelinat mais en 1922 part s’installer en France. Paris, solidarité ouvrière, il va à la Sorbonne et adhère au PC SFIC et se rapproche de la Main d’œuvre immigrée arménienne. Il va rencontrer Mélinée. Manouchian sera arrêté comme communiste en France en 1939, libéré et retourne à la MOI devenue clandestine. Il se lie à Arsène Tchakarian, autre Arménien d’origine, communiste mais obéit aux ordres de Moscou qui est encore lié à l’Allemagne par le pacte germano-soviétique. Manouchian passe dans la lutte armée après une rencontre avec Abraham Lissner.
Tout le cheminement dans la pensée et les actes de Manouchian sont remarquablement montrés, étudiés. Comme les portraits des fusillés de l’Affiche rouge dans le style des photos de Harcourt qui coupent les planches BD. Le trait est aussi dans la lignée de l’Affiche. Les membres, les actions armées sont fortes, sans concession, il faut lire avec soin cette somme à la fois passionnante exemplaire, émouvante et historique, base incontournable de la mémoire. Le Groupe Manouchian, car c’était avant tout un groupe, payera le prix fort, rendra les coups jusqu’au bout sachant que ses jours sont comptés. Il y aura le coup de trop, une trahison. Manouchian et Mélinée entreront au Panthéon le 21 février 2024. A lire aussi Vivre à en mourir.
Missak, Mélinée et le groupe Manouchian, Les fusillés de l’Affiche rouge, Dupuis – France-Info, 25 €
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