Le massacre d’Oradour-sur-Glane restera dans la mémoire collective comme le pire de tous ceux commis par les troupes allemandes en France occupée. Le 10 juin prochain on commémorera les 80 ans du massacre. Pour l’occasion sort aux éditions Anspach un ouvrage remarquable, Oradour l’innocence assassinée de Jean-François Miniac au scénario, Bruno Marivain au dessin très travaillé et Cerise aux couleurs. Ils ont été guidés par le dernier survivant du massacre Robert Hébras. Un travail minutieux de recherche a permis de reconstituer point par point, en temps réel la chronologie de la mort des 643 victimes d’Oradour, petit village de la Haute-Vienne. Un acte délibéré, programmé, accompli par la Division SS Das Reich à laquelle appartenait des Alsaciens. Le procès qui a eu lieu en 1953 à Bordeaux laissera un goût amer avec entre autres à l’époque une réaction assez ambigüe de la population alsacienne car 13 des SS accusés étaient originaires d’Alsace et à priori des Malgré Nous, enrôlés de force, fait rare dans la SS, la plupart rapidement amnistiés ensuite.
La Das Reich avait déjà tué et massacré en Russie, en Ukraine. A Oradour un couple erre dans les décombres. Tout a brûlé. Monsieur Pailler découvre les cadavres quand des SS lui tirent dessus. On est le 10 juin 1944. La veille les Allemands ont commencé à rafler les civils, abattent Marcellin Chalard. A Limoges le même jour on sait que les SS sont à Oradour, le téléphone coupé. Dans le tram on aperçoit de la fumée qui semble venir du village. Quand le tram s’arrête à Puy-Gaillard les SS empêchent les gens de descendre. Le soir ce sont les voitures que les SS interceptent. Pailler est autorisé à passer à pied mais d’autres SS le refoulent. Du tram les Allemands font descendre les passagers pour Oradour. Direction une ferme. Depuis avril 44, les Allemands sont prêts à tout pour contrer la Résistance, terrifier la population qui ainsi ne protégera plus le maquis. Représailles, à Montauban l’état-major allemand décide de frapper. D’autant que la Das Reich le 7 juin doit remonter avant le 11 en Normandie où les Allés ont débarqué. Au passage la division s’occupera aussi des résistants.
Un soldat allemand est tué par les résistants à Saint-Junien près de Limoges. Ce sera le déclic pour les SS et la Wehrmacht. Saint-Junien va échapper à la tuerie car trop grand, difficile à gérer. Un officier SS capturé, on choisit un village. Oradour est désigné même si on ne sait pas vraiment pourquoi. Le récit est parfaitement construit, monte en puissance. On comprend que le hasard n’est pour rien dans cette tragédie programmée. Ratissage des alentours, femmes, enfants, vieillards, qui mourront dans l’église en flammes d’Oradour. On est avec les habitants à la fois pétrifié et terrorisé devant une telle horreur inhumaine. 247 enfants sont tués. Deux survivants et une haine barbare aura submergé le village martyr comme plus tard Vassieux-en-Vercors. Un ouvrage indispensable pour le devoir de mémoire.
Oradour, L’innocence assassinée, Éditions Anspach, 20 €
Merci pour votre belle chronique, elle nous a fait bien plaisir, ce d’autant qu’il s agit de la première d’une longue série d’articles de presse enthousiastes. A noter également que cet album est le seul album BD labellisé par la Mission Libération à ma connaissance, et surtout, du fait de notre rigueur historique, le SEUL ALBUM SOUTENU par l’Association Nationale des Familles des Martyrs d Oradour-sur-Glane (accessoirement, d’où le logo de l’ANFMOG en quatrième de couverture) et son président, Benoît Sadry.
Bonjour
Je ne comprend pas votre commentaire, vous semblez sous entendre que les 2 autres bd sorties n’ont aucune légitimité…
Pourtant Agathe Hébras a signé la préface de la bd « Le dernier témoin d’Oradour-sur-Glane » et les 3 albums ont de bonnes critiques.
Patrick
Bonjour,
Aucun sous-entendu de ma part, ne serait-ce que par la nature même du fait tragique que notre cher Robert nous a demandé de reconstituer en BD, et ce d’autant que je n’ai pas eu le loisir d’ouvrir l’un des titres de nos suiveurs, ni lu le second ; de facto, je ne pourrais émettre un avis sérieux et circonstancié sur la question. D’ailleurs, quand bien même je les aurais lu, ma position ne me permettrait pas d’en faire état puisqu’elle serait considérée comme de parti-pris. De surcroît, par le biais de Mme Bernadette Malinvaud, présidente de l’OHVR, association de soutien à Robert Hébras, sachez que Mlle Hébras nous avait également proposé d’aider à promouvoir l’album « Oradour L’innocence Assassinée » initié et accompagné par son grand-père Robert.
Voici, j’espère avoir répondu à votre interrogation.
Salutations distinguées.