Il est l’un des plus grands, des plus talentueux, des plus inspirés auteurs que ce soit en BD avec par exemple le Dahlia Noir ou british années 60 avec Une Romance anglaise mais surtout avec ses peintures, ses illustrations, tableaux d’une Amérique à la fois rétro réaliste, années 40 à 50, ou fantasmée qui sont tout autant des chefs d’œuvre de sensibilité. Miles Hyman est un témoin, un visionnaire. Miles Hyman America qui vient de sortir chez Locus Solus est une fois de plus un voyage vers des terres qui ont déchainé, encore et toujours les passions, montré leur beauté, leurs contrastes ou leur déchirures. Les États-Unis sont le berceau de Hyman et c’est François Busnel qui signe les textes de cet album aux merveilles, un Busnel non seulement investi par l’œuvre d’Hyman, maître de son sujet, des mots qu’il sait si bien mettre bout à bout. Qui a lu Busnel ne pourra qu’aimer Hyman, plonger à sa suite dans les planches que dévoile un album qui explose en un feu d’artifice à la fois éblouissant et impressionnant d’un tableau à l’autre, une soixantaine en tout dont des inédits.
De Cape Cod à Manhattan, d’Hollywood avec un clone de Brad Pitt qui aurait rencontré Errol Flynn, ou un feu à l’angle de Broadway, un fast food au bord d’une plage à Malibu, on suit Hyman sans réserve. A chacun de coller aussi sur ses tableaux au noir souligné ses émotions, ses souvenirs, ses expériences américaines. Comment fait-il pour arriver à ce que l’on s’identifie à son Amérique ? Ses femmes sont mystérieuses, des Lauren Bacall où Jean Harlow, brunes, alanguies de dos face à la mer, maillot rouge auprès d’une Buick, Chevrolet accidentée. Côte Pacifique pour le Surf Motel et lapin qui saute à la corde, Alice transfigurée, maison de la famille Adams ou de Psychose, Miles peut aussi séduire par une pointe d’angoisse. Viva la muerte, flamand rose et Greyhound, Colorado et cheerleader, gasoline et baseball, la totale.
Miles Hyman dans sa postface dit « transmettre l’âme de ses voyages éphémères rendus éternels par l’alchimie du trait ». Un aventure intérieure, America, pour lui et un partage avec ses lecteurs, unique et transcendant. Se souvenir de ces jours, de ces nuits dans ce pays traversé maintes fois, Hyman accompagne nos souvenirs et surtout leur donne une teinte qui séduit par ces ambiances très fifties qui désamorcent aussi l’Amérique d’aujourd’hui, devenue hors jeu. Superbe et émouvant. Hyman s’exposera en septembre Galerie Martel à Paris et en juillet, août 2024 Galerie Vue sur mer à Dinard.
America, Miles Hyman, Locus Solus Éditions, 25 €
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