Et voilà une histoire comme on en lit peu, sensible, émouvante et sincère, sans fausse pudeur et qui met en scène des gens humble sur lesquels le sort semble s’acharner. Charles Masson on l’a connu et rencontré pour Soupe Froide en 2003, un coup de poing signé par ce médecin ORL. Puis avec un dragueur dans Les Boules Vitales, revu à Montpellier pour Droit au sol en 2009 écrit à La Réunion. La Dernière femme c’était en 2012, un panel très large pour Masson désormais lyonnais dont la générosité est permanente. Les gens de rien à ne pas oublier. Avec Sept vies à vivre on le retrouve dans son élément et avec un trait qui a évolué, grandit, s’est affirmé. René a 13 ans et a perdu sept de ses frères et sœur dans le massif des Bauges. Et c’est finalement à travers la sienne qu’il va vivre leur propre vie volée . En douceur et tendresse, en toute simplicité. Sortie le 21 février 2024.
Une mobylette, une chemise à carreau, cravate, René a rasé sa moustache. Et se souvient comment dans les Bauges comment s’y étaient réfugiés les paysans des plaines persécutés, des gens qui n’avaient rien. Un peu comme sa famille. Sur neufs enfants, sept sont mort en bas âge, pas de médecin, de médicaments. Auguste, Lucien, Eugène, Marcelle, Émile, Roger, Madeleine. Lui René a survécu avec une mère qui portait la culotte. Un père menuisier taciturne qui faisait des petits travaux et une petite sœur qui adore les fleurs. Une famille pauvre et René qui s’émerveille de voir les premiers skieurs. 1939 on mobilise, René parcourt la montagne et sentait le besoin de vivre pour sept avec lesquels il parle, ses petits fantômes. Pétain au pouvoir, certificat de pauvreté, des réfugiés alsaciens juifs, la Résistance et Céline une jeune fille qui va passer le Bac. Elle tient un journal. Premier amour pudique, avril 1944 et des Rangers en cuir parachutées. Mais aussi les Allemands qui traquent les Résistants.
Une vie du XXe siècle, pas vraiment hors normes mais frappée par les aléas de l’Histoire, la guerre, la maison qui brûle, les croix des tombes renversées, l’Algérie. Sept vies et pourquoi pas après les malheurs le bonheur. On se prend d’affection et de respect pour ce René, honnête homme, brave type, la petit sœur qui grandit. Comment il fait Charles Masson pour à chaque fois viser si juste ? Le talent et l’amour des autres, il est médecin, aussi.
Sept vies à vivre, Delcourt, 27,95 €
Articles similaires