Début d’année, temps des bilans en particulier pour la BD dans le cadre du Festival d’Angoulême qui présente avec Gfk leur chiffres, graphiques et tableaux. Leur conclusion est que la BD plie mais ne rompt pas. S’appuyant sur le partenariat privilégié qui les lie depuis plusieurs années, le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême et GfK (qui a fait un excellent travail) s’associent pour témoigner et apporter des éclairages sur l’évolution du marché du 9e art en France. On va donc accompagner de quelques réflexions ces digressions volontairement optimistes. Car le manga reste et devient de plus en plus le seul leader de la BD en France. Au final y aura-t-il la place pour, hormis des best-sellers, Lucky Luke, Largo Winch, Blake ou Gaston sans oublier Astérix, d’autres titres en BD de genre ? Quelles solutions ou choix ? Vaste programme. J-L. TRUC
Après deux années record, le marché de la bande dessinée a connu en 2023 une correction attendue, dans un contexte macroéconomique défavorable. Ce « retour à la normale » demeure cependant à des niveaux bien plus élevés que durant l’année de référence pré-pandémie 2019, soulignant la nouvelle dimension qu’a pu prendre la bande dessinée au sein du secteur du livre et des biens culturels en général (2023 est inférieur nettement à 2022 et comparer à 2019 relève du tour de passe-passe).
Le succès de deux reprises de grands classiques surpassant les ventes du dernier Prix Goncourt (on voit mal la référence car un prix célèbre ne fait pas obligatoirement les acheteurs, la moyenne d’un Goncourt c’est 500 000 loin derrière Astérix), l’implantation durable des mangas ainsi que l’installation indéniable des romans graphiques dans le paysage éditorial (là aussi il faudrait parler des chiffres de vente de certains de ces pavés illisible et chers) soulignent un neuvième art riche de propositions diverses et capable de s’adresser à tous les lecteurs (on confirme avec une BD Jeunesse qui tire son épingle du jeu avec Mortelle Adèle).
Reste que s’appuyer sur un Gaston new look et un Astérix (merci Fabcaro) pour définir la bonne santé d’un marché est hasardeux. Et si on parlait aussi du prix d’un album (le prix du papier c’est vrai a fait un grand bond vers le haut) ? Qui achète de la BD franco belge, quelle tranche d’âge avec quels moyens financiers et qui représente 21% des ventes? Les âges supérieurs ou égaux à 40 ans sont lecteurs des albums dits traditionnels : la moitié, voire plus, des bandes dessinées lues à ces âges appartiennent à ce genre.
Le manga (prix oblige et lectorat de 11 à 30 ans environ) est en tête avec plus d’une BD sur deux vendue. Plus désormais l’offre Webtoon donc, une révolte, non mesdames et messieurs les éditeurs une révolution déjà amorcée depuis plusieurs années. Alors que faire ? Vers où aller ? Un bel album même à pagination augmentée (pas un roman graphique avec des gribouillis) ne sera, on l’espère jamais remplacé.
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