En ce 11 novembre 2024, il était bon et juste de rappeler le souvenir de la fin de la première guerre mondiale ce même jour en 1918. 1,4 million de morts que pour la France de 1914 à 1918, en moyenne chaque jour 900 jeunes soldats français mourraient. Au total le conflit tuera plus de 9 millions de personnes. Aussi avoir publié une nouvelle édition intégrale augmentée avec une maquette relookée de Paroles de poilus de Jean-Pierre Guéno ne peut être que salutaire à un moment où la guerre en Europe remontre en Ukraine ses horreurs et la détermination d’une nation hégémonique.
Trois tomes de Paroles de poilus étaient parus sous la plume de Jean-Pierre Guéno qui avait rassemblé tout un échantillonnage de lettres authentiques de soldats le plus souvent à leurs familles ou à leur marraine de guerre décrivant horreurs, souffrance, peloton l’exécution, chefs peu avare au moins à l’arrière de la vie de leurs hommes. Tout cela malgré la censure postale. Ensuite Guéno a demandé à des dessinateurs de les illustrer et non des moindres. Matthieu Lauffray, Lidiwine, Bramanti, Bajram, Jouvray, Boucq, Lepage, Séverin, Hérenguel, Collignon, Marie Terray, Warnauts, Pedrosa, Bertail ou Guarnido. On ne peut tous les citer, une soixantaine au total, mais on peut affirmer que chacun d’entre-eux à mi son talent au service du souvenir, de la mémoire de ses hommes parfois revenus, parfois morts dans les tranchées, à l’assaut d’un boyau ennemi reperdu peu de temps après. Rien n’a vieilli dans ces lettres qui ont 106 ans. On y parle aussi de colonies, de mobilisation. On n’oublie pas non plus 1870. Et on se souvient d’un grand-père qui pleurait en racontant à son petit-fils son premier assaut à la baïonnette, du jeune soldat allemand en face de lui. Ne pas oublier ces Paroles de poilus qui ne font pas que partie d’un passé lointain.
Paroles de Poilus, Lettres du front, Éditions Soleil, 39,95 €
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