Olivier Dauger vient de publier le tome 2 de Tuskegee Ghost. Il fallait qu’on lui pose la question sur la suite de ses projets car il avait évoqué il y a un an l’adaptation d’un roman anglais qui se passait en 1944. Ce qui ne sera pas mais il y aura une nouvelle série en Indochine, Les Corsaires du ciel, un bouquin aussi sur les 90 ans de l’Armée de l’Air, un autre sur l’aviation du Jour J. De beaux chantiers en plein vol sur lesquels Olivier Dauger revient en détails pour Ligne Claire. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC. Merci à Olivier Dauger pour les extraits de ses prochains albums que nous publions.
Olivier, où en es-tu de tes projets ?
Il y a eu du changement depuis notre dernière rencontre à Montpellier. Je devais adapter un roman anglais qui traitait de la 8e Air Force. On n’a jamais réussi à trouver les ayants-droits du roman. Du coup on a laissé tomber car je devais passer à autre chose et j’ai proposé à un auteur de m’écrire un scénario de BD sur un thème que j’avais choisi. Cela s’est fait. Le scénariste s’appelle Rudolph De Patureaux, romancier et historien. Il a un pied dans l’aéronautique, l’autre dans l’écriture. Et je fais depuis quelques années les couvertures de ses livres. Il a une série qui traite le destin d’un Français de la Première guerre mondiale jusqu’à l’Algérie, un Français dans la tourmente.
On reste dans de l’aéronautique ?
Bien sûr. Je lui ai demandé de me faire un scénario pendant la Guerre d’Indochine sur l’aéronavale française, les portes-avions on en avait quatre en Indochine (Lafayette, Arromanches, Bois-Belleau, Dixmude) et les flottilles embarquées. L’histoire se passe en 1954 juste avant Dien-Bien-Phu. On est sur Hellcat avec un ressort assez classique. En revanche on a peu traité ce sujet en BD. L’aéronavale est un bel environnement pour quelqu’un qui a été élevé avec Buck Danny. Tout le matériel est US. La série s’appellera Les Corsaires du ciel car ils volent ensuite sur Corsair. Chaque album aura une histoire complète et le second se passera pendant l’expédition de Suez en 1956.
Difficile pour la documentation ?
On n’a pas grand-chose sur l’environnement des porte-avions français, l’intérieur. Il faut aussi trouver les uniformes d’époques, le matériel donc la documentation est très importante. On aura aussi une part romanesque sur un fond historique précis. Le scénariste a passé 15 ans dans la Marine, avec tout ce que cela comporte de différences avec l’armée de terre.
Il y aura des scènes locales ?
Oui à Saïgon dans des lieux de plaisir, quelques flashbacks sur la formation des pilotes aux USA. Quatre planches sont faites, le scénario validé sauf que je vais lever le pied car le SIRPA Air nous demande chez Paquet de faire un bouquin sur les 90 ans de l’armée de l’Air. Il faut qu’il soit prêt en juin. J’ai fait un livre il n’y a pas longtemps sur la Patrouille de France toujours chez Paquet donc c’est un peu une suite qui couvrira les 90 ans, le premier ministère, promotion en 1934. On ne sait pas trop pour l’instant comment on va s’y prendre. BD plus illustrations, je ne peux pas tout faire seul. D’autant que j’ai aussi commencé un autre bouquin aéronautique pour cet été sur la composante aérienne du débarquement de Normandie en 1944, tous les aspects aériens de juin à juillet environ, toute nationalité.
Tout se bouscule.
Il y a du pain sur la planche avec des échéances proches. Les deux livres doivent être faits pour avril, pour valider la maquette. Et pour les 90 ans je ne sais pas encore avec qui je vais travailler. Je vais m’atteler à l’illustration et on ne fera peut-être que cela. Si il y a de la BD il faut quelqu’un. On va présenter le projet à Paris le 12 décembre.
Donc l’Indochine et les Corsaires passeront après ?
Oui car on n’a pas d’échéances anniversaire. Je m’y remettrai en mai. Ce sera un album de 46 pages donc pas très long à faire. Je dessinerai de façon traditionnelle avec encrage et couleur par moi. Il y a deux raisons. Le fait d’avoir fait évoluer mon style graphique avec Tuskegee Ghost a déstabilisé des lecteurs. Avec un environnement comme celui de la mer, la jungle, je n’ai pas une palette très vaste. Donc sans encrage ça serait un enfer. Pour être rapide il faut un encrage classique. Sortie à priori début 2025.
Pourquoi parler de lectorat déstabilisé avec Tuskegee Ghost ?
On m’en a beaucoup parlé. Beaucoup de gens m’ont dit que j’avais changé de dessin. Dessin non en fait. En revanche pas d’encrage et couleur plus dégradé. Alors les lecteurs reprennent le livre et disent « ah oui, pas d’encrage et pas de ligne claire ». On a jamais eu autant de bonnes critiques de presse. Avec un lectorat plus féminin aussi.
Le scénario n’est pas aéro pur. Drame, racisme latent, c’est une question de registre.
Oui tu as raison. On s’est planté sur le positionnement. On n’aurait pas dû le mettre dans la collection Cockpit. Il y aura une intégrale des deux tomes avec une autre couverture. J’avais des pitchs de couvertures moins avions. On n’était pas dans le même monde. On a surpris. Les Corsaires du ciel seront aéro pur, comme si on replongeait dans les premiers Danny.
En Indochine la France se battait avec les vieux stocks déclassés US ou Anglais.
Ils nous les avaient prêtés les avions et il a fallu les remettre en état. On est que sur des avions à hélices qu’on a rendu ensuite.
En résumé tu as du boulot en masse.
Avec les deux priorités Normandie et 90 ans (dont l’affiche de l’évènement), puis la série Les Corsaires du ciel avec les Corsair en fin d’album qui voleront aussi à Suez. Corsaire marin sympathique, le panache et Corsair avion, un mélange des deux. Dans les tuyaux aussi que Pierre Paquet aimerait prêt pour La Ferté-Allais prochaine, un art-book de mes gouaches. Tout se télescope un peu, retrouver les peintures chez eux qui les ont achetées. Au total un programme effectivement très chargé mais tant mieux.
Articles similaires