Olivier Ledroit est des grands illustrateurs fantastiques, au style large, capable d’évoquer tous les thèmes. On pense à Olivier Ledroit pour des planches, des tableaux aux ambiances flamboyantes. Inclassable Ledroit qui dans ce très bel album Au-delà des contrées du crépuscule montre toutes les variantes de sa palette. Ledroit en un seul tableau peut raconter une histoire toujours tragique, un talent intuitivement narratif aux envolées à la limite du lyrique. Un cadeau de Noël sublime.

Requiem ouvre le feu de ce livre brillant. Pat Mills a écrit (scénariste de La Guerre de Charlie), des vampires loups, pirates sur des galions qui voguent. Érotisme brûlant, violent, situations sans appel, Résurrection monde sans sortie, Ledroit a donné toute sa puissance à ce Requiem dont les héros sont autant de dieux malfaisants, qui explosent à chaque trait. L’Atlantide sort des enfers, une Égypte sublimée, un soupçon d’Art Déco dans ses visages de déesses aux regards sublimes, des éléphants aux carapaces impénétrables. Chroniques de la Lune noire, pages dépliables en panoramique, exposition au Grand Palais, reines asiatiques, steam-punk, japonaises, le dessin de Ledroit ne fait pas rêver, il entraîne indéniablement celui qui le regarde vers un ailleurs des possibles, du pire au meilleur dans un grandiose écrasant.

Olivier Ledroit proche parfois de Druillet ? Médiéval-fantastique, a-t-il inventé la BD gothique ? Peu importe car précurseur il est, ouvreur de pistes, ce livre au grand format reprend sur 322 pages, près de quinze ans des travaux de Ledroit. Des inédits conçus pour des expositions, les originaux d’album, on peut parler de féérie souvent dramatique, de bilan graphique aux variations artistiques multiples. Ledroit embarque, éclabousse, éblouit son lecteur. BD pas que bien sûr, peintre, illustrateur, Olivier Ledroit s’ouvre avec fougue, une précision méticuleuse, à tous les possibles.

Au-delà des contrées du crépuscule, Glénat, 55 €