Au pinard, les braves. Le vin a-t-il été le nerf de la guerre en 14 ? On a abreuvé le poilu pour qu’il parte plus facilement à l’assaut ? Vrai et faux car en fait boire du vin était largement à l’époque inscrit dans l’alimentation du Français au quotidien. Qui plus est dans des circonstances exceptionnelles ou pour les travailleurs de force. Un exemple pas si ancien, en 1969, un coupeur de raisin pour les vendanges avait droit à un litre par jour. Pas obligatoirement pour le boire dans la journée mais le vin faisait partie du travail. Retour à 14-18 avec Vinifera d’Eric Corbeyran et Lucien Rollin au dessin très cadré. Les poilus font face à des pertes énormes et le vin réchauffe, mais c’est souvent de la vinasse. Le crise viticole de 1907 dans le Midi n’est pas loin, la Champagne est sous le feu des obus. Un ouvrage qui en apprend beaucoup sur un sujet peu traité bien que connu dans le Languedoc encore aujourd’hui.
La Marne 1916, les tranchées apparaissent, le Poilus boivent de la vinasse comme le dit Jacques mais le vin est un ami qui aide à endurer le pire. Ennemi aussi car les hommes sont souvent saouls, se battent. Gaston arrive de Paris mais est du Languedoc. Polo lui ne jure que par les vins de Bourgogne. On se souvient de l’armée qui a tiré à Narbonne sur les viticulteurs, de Marcellin Albert à Béziers. Les rations vont passer d’un quart de litre au litre. Il y a aussi Mercanti, le marchand ambulant qui vend de l’absinthe interdite et de bonnes bouteilles. A Reims on fait la classe dans les caves où sont aussi stockées les bouteilles de Champagne. La ville est dévasté. Le jeune Grégoire rêve d’être vigneron et veut retourner dans les vignes malgré les dangers mais c’est sa mère qui s’occupe du raisin. Les grandes familles s’opposent, celles dont les noms en Champagne sont des références. Il y a aussi des secrets qui en temps de guerre sont difficiles à vivre.
Un mélange dont le vin est la base, du plus au mauvais surproduit au meilleur. Un personnage sympathique Gaston, des aviateurs chevaleresques, des amours illicites, de la jalousie, de la haine et tous les braves types en bleu horizon dont la vie ne tient qu’à un fil. On découvre, une bonne reconstitution et un bon dossier final sur le vin et les Poilus. L’Ode au pinard. Il y avait des comités de soutien viticoles qui ont travaillé dans le Midi toute la guette à un propagande en faveur de l’intérêt du vin pour les Poilus. A noter que la consommation de vin en France diminue de plus en plus.
Vinifera, Le vin des poilus, Éditions Glénat, 14,95 €
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