Le premier tome avait déjà été un coup de cœur, comme si Disney avait disjoncté et envoyé son Roi Lion faire un tour de Shakespeare (la couverture c’est Hamlet) ou de Racine, dans un monde où les animaux sont peut-être encore plus féroces politiquement que des humains. Ou qu’en fait bien que l’univers de ce Royaume sans nom soit anthropomorphique, les humains aient pris un aspect animalier. On complote, on tue, on éviscère, et le nouveau roi qui semblait un bien gentil monarque a en fait un très mauvais fond. On l’excuse car autour de lui il y a des traîtres et des tueurs en puissance. Herik Hanna au scénario, Redec au dessin et Lou aux couleurs ont c’est évident détourné Disney, du renard à Shere Khan ou Kaa. On est pris par ces jeux de cour mortels dessinés avec une flamboyance et une virtuosité qui accroche immédiatement l’œil sur des dialogues dignes on l’a dit d’une pièce de théâtre classique ?
Opération commando avec le capitaine pour faire diversion, un gros ours et un sanglier. Feu d’artifice que le jeun roi regarde de son balcon quand quatre tueurs lui sautent dessus. Gentil peut-être le roi mais lion quand même et formé à tous les combats. Va y avoir de la viande hachée et un vautour survivant pour aller raconter l’échec de la tentative. Dans la prison du château le roi est libéré et prêt à régler ses comptes mais il ne peut rien sans le rongeur masqué. En même temps l’ours fait évader la commandante louve accusée de meurtre royal qu’aurait bien dévoré le roi. Au château à titre d’exemple le cadavre démantelé d’un tueur est resté sur les marche du grand escalier. Le Zèbre trésorier n’est pas sûr que la reine mère soit ravie. Maître Gibbon non plus. La reine fait la morale à son fils cadet quand arrivent ses conseillers, Zèbre, Vautour et Gibbon. Le roi a le pardon facile. Et se prépare à recevoir un nouvel ambassadeur bovin avec un sens de la diplomatie aiguisé comme ses griffes.
Le Tigre du marais, le roi évadé, cela aurait pu faire un duo de choc. Attention surprise et Hanna a un sens aigu du rebondissement piquant. Question de bonne politique tandis que maman du roi a des plaisirs très spéciaux avec chatons. Une soubrette gazelle, le capitaine Renard, les souvenirs d’enfance du jeune roi, on égorge gaiement. Aucune pitié. Humour aussi dans le déroulé, des scènes qui visuellement explosent, de belles panoramiques, une multitude de détails et des regards expressifs pour cet acte deux grandiose dont on va attendre l’épilogue avec impatience. En étant à l’avance certain de ne pas être déçu.
Le Royaume sans nom, Tome 2, Glénat, 15,50 €
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