C’est avec une profonde tristesse que l’on a appris ce soir le décès de la résistante, poète, écrivain, journaliste et correspondante de guerre Madeleine Riffaud. Il est survenu ce matin à son domicile parisien. Madeleine avait 100 ans. C’est Jean-David Morvan qui a scénarisé avec elle sa série « Madeleine, Résistante » dessinée par Dominique Bertail chez Dupuis. Le tome 3 est sorti cet été pour les 100 ans de Madeleine.
Madeleine Riffaud, Rainer dans la Résistance, est décédée à Paris ce mercredi 6 novembre. Elle était probablement la dernière survivante à avoir participé à la Résistance, dès l’adolescence, et à la Libération de Paris à l’approche, et y compris le jour, de ses 20 ans. Par la suite, d’abord désemparée de n’avoir point pu être enrôlée dans l’armée régulière pour poursuivre le combat parce que femme, mineure et tuberculeuse, elle fut repérée par Paul Éluard comme ayant un talent d’écriture, elle était poète, et fut engagée comme journaliste puis par la suite reporter de guerre, notamment en Indochine, en Algérie, au Vietnam. Au cours de toutes ces années, elle est devenue l’amie d’Eluard, de Vercors, de Picasso… et comment ne pas mentionner également, même si cela paraîtra surréaliste aux yeux des plus jeunes, sa jolie complicité avec Hô Chi Minh ? Femme étonnante de vivacité, avec les souvenirs intacts qu’elle avait fait remonter à la surface lorsque Raymond Aubrac lui avait intimé l’ordre de témoigner à son tour en 1994, après s’être tue pendant 50 ans, ultime mission de Résistance. Femme étonnante de courage, face à l’adversité ou à la pensée du moment, sa vie durant et même encore récemment lorsqu’elle poursuivait ses projets, dont certains aboutis, d’ouvrages et de bandes dessinées. Femme étonnante de lucidité sur le monde comme il ne va pas, nourrie par son expérience de vie, redoutant d’être récupérée par les uns ou par les autres, ce qui ne manquera pas d’arriver néanmoins. Quelle femme drôle enfin, avec un formidable talent de conteuse doublé d’un sens aigu de la formule. Elle était une femme exceptionnelle qui n’aimait pas beaucoup qu’on lui dise.
Éloïse de la Maison
Philippe Denimal
Jean-David Morvan
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