Un général, un futur empereur qui vont se battre ensemble, s’aimer et se haïr. Curieux destin que celui de Dumas père à qui la trilogie de Salva Rubio au scénario et au dessin Rubén del Rincón (Max les années vingt que l’on aimerait revoir paraître) rend un hommage passionnant et mérité. Un célèbre inconnu finalement Alexandre Dumas père. Le fils lui on connait. On l’a vu dans les précédents tomes, Dumas est un républicain d’une pièce qui va jouer du sabre, courageux hors normes, fidèle à ses principes, un général qui finira brisé par Napoléon dans ce dernier tome où on voit qu’il était sans pitié, ni reconnaissance, si ce n’est un vrai tyran.
Bonaparte rend hommage à Dumas seul sur un pont qui a arrêté les Autrichiens dans le Tyrol. Dumas lui enterre un de ses enfants. Dermoncourt est son aide de camp, son ami. Dumas se voie confier toute la cavalerie française du Tyrol. Dumas s’en moque et démissionne, donne sa lettre à Dermoncourt. Dumas reproche à Bonaparte de ne pas se battre pour la République. Il a honte mais regrette vite son geste. Dermoncourt n’a pas transmis sa lettre. Toulon mars 1798, la rade est embouteillée des bateaux français, 50 000 hommes, destination inconnue même des généraux comme Dumas qui a des angoisses. Kléber son ami le rejoint et n’en sait pas plus. Du coup Dumas débarque à l’aube dans la chambre de Bonaparte très occupé avec Joséphine. Bonaparte lui dit que c’est l’Égypte qu’ils vont envahir mais Nelson sillonne la Méditerranée avec la flotte anglaise. Le secret est vital. Dumas a une peur, la seule, c’est de naviguer car les bateaux lui portaient malheur. Tempête effroyable, Dumas a été nommé commandant en chef de la cavalerie d’Orient. Des bateaux coulent en débarquant près d’Alexandrie. 4000 noyés, pas de cheval à terre, 30 000 hommes bloqués en mer. Bonaparte s’en moque. Il veut rejoindre Alexandrie et ses hommes doutent. Les Bédouins les harcèlent. Alexandrie enfin tombe, Dumas est en tête. Les troupes restées en mer débarquent avec les savants amenés dans les bagages. Dumas négocie la libération des soldats français enlevés par les Bédouins. Chef de la cavalerie, Dumas n’a pas un cheval. Bonaparte lui dit qu’il y en a 12 000 dans le pays. Dumas part seul et n’en trouve pas un seul. Direction Le Caire à pied, dans les sables et sous le soleil en juillet.
Une varie galère l’Égypte. Dumas a jugé Bonaparte. Lui et son avenir d’abord. Il le soupçonne de vouloir à tout prix bâtir son empire. L’esclavage aboli remis en question, Dumas est de Saint-Domingue. Il se fait virer d’Égypte mais finalement reste, Nelson se paye la flotte. La suite sera triste, sanglante. Dumas et Bonaparte se réconcilient mais pas pour longtemps. A lire car l’épopée de Dumas père est celle d’un honnête homme, prisonnier à Naples, oublié et Bonaparte qui se transforme en Napoléon l’empereur intransigeant. Dumas son fils sur les genoux sera obligé d’aller mendier à la cour, rejeté par Napoléon. L’Histoire n’a pas bon plus été juste avec lui en le remisant au placard. A noter que le narrateur est bien sûr Dumas fils. Très bon dessin de Rubén del Rincón.
Le Premier Dumas, Tome 3, Le comte noir, Éditions Glénat, 15, 50 €
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