Romain Hugault nous avait annoncé, il y a un peu plus d’un an, qu’il allait quitter la guerre du Pacifique, passer à un avion bien plus moderne et à réaction, plus d’hélice pour l’instant, le Grumman F-14 Tomcat. Avion mythique un brin compliqué à piloter. On est dans les années 80 et la Navy, l’aéronavale embarquée US va finir par s’ouvrir aux femmes pilotes de chasse. C’est à l’une des premières d’entre elles qu’est consacrée l’album, une rupture après les 15 ans passés avec Yann mais pas avec les femmes aux commandes. D’Angela à Kara Hultgreen. Avec en mémoire Tom Cruise, Maverick.
Un avion Tomcat qui raconte sa vie, très bonne astuce scénaristique. Il est né en 1977, première version A du Phantom, une sacré gueule mais des défauts de jeunesse et un but théorique, la chasse aux bombardiers soviétiques. En 1978 il vole et devient le Victory 207. Il est basé sur le Nimitz ( participe au tournage de Nimitz retour vers l’enfer). Un Prowler se crashe sur le Nimitz, détruit 12 avions, tue 14 marins. Ce Phantom va devenir célèbre au large de la Libye en 1981, pris pour cible par des Migs. Riposte et deux Migs au tapis avec l’autre Phantom de la patrouille. En 1986 à Austin au Texas, Kara Hultgreen a 21 ans, termine son diplôme d’ingénieur aéronautique et veut être pilote dans la Navy mais la chasse est interdite aux femmes à qui on réserve les hélicos et les hélices. Brevetée et têtue. Jet oui mais pas au combat. Le temps presse car à 29 ans un pilote quitte la chasse. Conflit ouvert, interviews elle commence à faire désordre. On la harcèle pour des détails. A tout point de vue mais elle est une pilote de haut vol même dans des situations extrêmes.
La suite on la sait. La Navy ouvre ses ailes pour l’aviation embarquée de chasse aux femmes. Et Kara Hultgreen sera l’une des premières à se perfectionner à Top Gun, la base de la Navy à Miramar sur ce Tomcat, le narrateur. Un destin hors normes, plus que respectable auquel le scénario de Roman Hugault et Anastasia Heinzl de très belle façon rendent hommage. Elle sera même dénigrée après sa mort, une enquête la réhabilitera. Que dire du dessin de Romain qui le détaille d’ailleurs dans le remarquable dossier sur le Phantom en fin d’album ? Superbe, le meilleur de la BD aéronautique, précis et surtout vivant, flamboyant.
Tomcat, Éditions Paquet, 17,50 €
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