Il y a des œuvres difficiles ce qui pour autant n’est pas un critère de peu de qualité. Elles demandent de faire un effort si, très subjectivement on la juge digne de la triturer, la reprendre, parfois la décrypter. Délivrance fait partie de ces cas limites. Kim Gérard a signé le parcours de deux frères dans un monde une nouvelle fois post-apocalyptique d’une rare tristesse, désespérant où la mort est interdite. A moins qu’il y ait une pincée d’espoir au bout de la route ? Allez savoir.
Deux frères et leur prisonnier Maé traversent les terres meurtries pour mettre fin à leurs tourments. Ils souffrent en permanence. La folie imparable a remplacé la mort. Ils se battent, s’agressent dans des paysages de cauchemar. Perdent leur aspect humain qu’ils retrouvent les crises passées. Ikar et Graham n’ont pas encore atteint ce stade. Ils marchent et sont sûr qu’au-delà du désert, il existe une oasis où l’herbe pousse encore et que là-bas la mort est douce et accessible. Ceux qu’ils croisent sont autant de menaces défigurées, à la violence inutile, pas mortelle, ou attachés à des croix toujours vivants. De la chair fraiche humaine, des monstres mutants, des bandes sans pitié cannibales. Les deux frères s’attachent à leurs souvenirs, éviter d’oublier. « Tʼas jamais pensé à laisser l’amnésie t’emporter ? Plus de souffrance. Plus rien. »
L’horreur règne, les épreuves insoutenables et les couleurs scandent les sentiments. Les deux frères seront-ils capables d’être les chevaliers servants de celle qui incarne l’espoir . On passe pas des hauts et des bas, on les suit, on les plaint et on se joint au final à eux. 328 pages qui secouent, gardent une ambiguïté parfois déroutant. Graphiquement il y a un vrai travail, une inspiration pour ce premier roman graphique qui ne laisse en aucun cas indifférent. On aimera, ou pas. Tout se discute.
Délivrance, Éditions Glénat, 25 €
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