On l’avait annoncé cet inédit de Marcel Pagnol, une pièce de théâtre jamais montée sur scène ni tournée, Gaby ou la belle et l’argent sort aujourd’hui et pour tout amoureux de beaux textes, bien adaptés en BD sans trahison il ne faut pas hésiter. Du Pagnol dans le texte, l’art des mots et des formules, un son incomparable même si l’intrigue en elle-même est très attachée à l’époque, le début des années cinquante voire même l’avant guerre. Gaby c’est une maîtresse pour hauts revenus, de toutes origines confondus politiques compris qui aime avant tout l’argent, a un père escroc, un amant maquereau. Un synthèse Gaby mais qui a un bon fond bien croquée au dessin par Luc Brahy et adaptée par Véronique Grisseaux.
Ouverture sur un scène de théâtre pour mémoire (des extérieurs viendront ensuite), Gaby a des soucis et doit vendre les bijoux offerts par ses amants. Odette amie et consœur, femme entretenue propose un rachat sous l’œil amusé de Robby l’amant de Gaby (qui en croque au passage) mais sait bien que Gaby ne les a plus et ment en disant qu’ils sont chez un bijoutier. En réalité Gaby brade son patrimoine accumulé au péril de son corps. C’est son très dépensier papa qui claque son argent dans des plans foireux. Cela dit Gaby est jeune et pourrait refaire ses vies à amants riches et multiples. Papa Florent débarque et fait l’inventaire, des tapis au piano tout a été payé par les hommes de Gaby. Pas de morale à avoir, sa fille est le placement de sa vie. Quand à la mère d’Odette qui la joue BCBG, Florent garde un très bon souvenir de Bigoudis du Frisotin. Pour sortir de cette situation de faillite sa fille n’a qu’une solution, se marier à un très riche héritier. Il a amené avec lui Oscar Vernis escroc notoire qui connait tout de Gaby endettée jusqu’au cou et a un nom dans son chapeau pour la sauver.
Une ravissante idiote Gaby, oui et non. On le verra au fil des pages. Amoureuse transie mais pas folle la guêpe. Pas de pitié dans ce milieu. On a donc un montage finaud que Pagnol décrit par le détail avec le beau jeune homme barbu d’abord, imberbe ensuite, professeur médecin émérite (on pense à Topaze qui lui aussi va découvrir la vraie vie) qui sera peut-être le joker qui sauvera tout le monde. Mais avec Pagnol il faut s’attendre aux rebondissements en souplesse. L’art de la répartie, de la formule qui fait mouche, des mots clés. Gaby fait la roue comme son paon de possible mari. Il y a toujours une morale chez Pagnol, comédie de société, satirique ou drame de Marius à Manon des Sources. Avec Gaby ou la belle et l’argent l’amour pointe ses flèches ? Un album qui fait plaisir.
Gaby ou la belle et l’argent, Éditions Michel Lafon, 24,95 €
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