L’Indochine dans les années 20, le Vietnam où l’hévéa pour faire du caoutchouc est roi, génère des fortunes immenses pour les métropolitains installés dans d’immenses plantation où la population autochtone est maltraitée. La Querelle des arbres a pour cadre l’un des plus beaux pays du monde. On est près du Mékong qui relie le Vietnam au Cambodge. Mais il y a déjà bien avant 1946 des velléités d’indépendance. Un bucheron corse, un petit vietnamien, la police française, de riches colons vont être confrontés à une réalité locale qu’ils ignorent et méprisent. Renaud Farace au dessin (Duel) et scénario associé à Amaya Alsumard, Drac aux couleurs signent un album d’une rare puissance évocatrice et narrative.
Orsù est corse, une montagne de muscles sur une haute taille. Il est bûcheron et est accueilli au Vietnam par le commissaire Lesueur et ses adjoints, Ledantec et Than Hiep. Il a été recommandé par son cousin le brigadier Paoli. Les Corses sont nombreux en Indochine. Ils passent devant un arbre sacré et mythique, le Banian aux mille vies qui a 600 ans, serait rempli de génie auxquels la population demande de l’aide, font des souhaits. Plus loin sur un mur Lesueur arrache une affiche, un journal qui appelle à la révolte, à chasser les Français. Le signataire est le corbeau des cendres qui agit depuis une plantation. Où on cherche des bucherons qualifiés pour encadrer les coolies. Peut-être celle de Madame de la Souche qui protège ses employés vietnamiens. Les moines sont aussi un réel pouvoir. Chez La Souche, le directeur Cao Minh se voir imposer Orsù. En visitant la plantation d’hévéas, Ursù se heurte à Thien et l’agresse violemment.
Une chronique très précise de la vie coloniale en Indochine sur fond de croyances, de choc des cultures très bien rendu, d’administration toute puissante et prétentieuse. C’est le banian qui sera le vrai héros de cette aventure détaillée dans laquelle Orsù verra ses préjugés évoluer en faveur de la population et en comprendra toute la richesse morale. Il y a une galerie de personnages du film Indochine avec Deneuve. Plus de deux cents pages et le petit garçon vietnamien Ayo qui parle aux arbres auquel on s’attache comme à Alexandra de la Souche, courageuse et honnête, femme en avance sur les futurs évènements. Un belle construction du récit, un dessin dans le ton sans fausse notes. Un album atypique, émouvant, sincère, qui mérite un vrai succès.
La Querelle des arbres, Éditions Casterman, 30 €
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