Très compliqué pour un occidental de vraiment comprendre la mentalité chinoise, le jeu politique qui bien que communiste est imprégné de culture pré-Mao puis héritière de la révolution des gardes rouges, de sa remise en question et ensuite des dirigeants au fut et à mesure qu’on les remplace. A moins que comme Xi Jinping se découvre un maître absolu de la Chine passé du statut de quasi renégat à celui de omnipotent dirigeant. Une carrière qui est en fait étonnante mais pas tant que ça dans le contexte chinois. Un choix des alliances, une élimination des adversaires radicale, un culte discret de la personnalité et une présence sur la plupart des fronts importants pour les relations internationales. Qui se souvient du livre prophétique d’Alain Peyrefitte homme politique brillant, académicien, Quand la Chine s’éveillera ? La biographie que signe Eric Meyer sinologue est remarquable, digne de tous les éloges, facile à digérer à condition de la déguster au calme et à petites doses. On l’en appréciera que mieux. Le dessin, le découpage, la mise en scène est efficace, colle parfaitement au texte. Gianluca Costantini est au dessin.
Un père ministre, Xi Zhongxun, 1953, un prénom Jinping qui signifie proche de la paix, une mère qui veut retourner de suite à l’école du parti. 1957 il est à l’école maternelle, celle des hauts cadres du parti. Qui intrigue l’enfant. Zhou Enlai encense son père et Mao propose de le nommer premier des vice-premiers ministres, pas banal. C’est une promotion accompagnée d’avantages, belle villa. Son père lui raconte sa jeunesse révolutionnaire, Mao qui lui sauve la vie. Il va à l’école qui est le berceau des leaders. Et son père est pris au piège par un proche de Mao qui le vire et l’envoi en rééducation. C’est le temps de la disgrâce, de la purge. La famine règne en Chine en 1962. On élimine les quatre pestes. Même relégué Xi Zhongxun ne désespère pas de revenir au pouvoir avec l’aide de sa femme. 1966 et le grand chaos, la révolution culturelle qui met en avant la seule classe paysanne. Jinping y participe mais se retrouve en prison mis en cause par les Gardes Rouges, son père paradé en ville. De pire en pire pour la famille avec violence et mort au bout du chemin. En 1969 Mao envoie 14 millions d’ados des villes rejoindre les paysans. Jinping préfère échapper aux Gardes Rouges mais jure qu’il reviendra à Pékin. Incompréhension totale entre jeunes et paysans.
Jinping ne va jamais renoncer, sera libéré et arrêté de nouveau mais Zhou Enlai, son père le protègent et le parti compte sur lui. Il commence à tracer cette route qui le mènera à aujourd’hui, à être le maître absolu de la Chine. Tout est détaillé, précisé, montré. La volonté de Xi Jinping est inflexible. Il est aussi un politique averti mais à la chinoise, persiste, revient à la charge, est admis au parti. Cette biographie se lit comme un roman digne de Dickens ou de Dumas mais avec encore une fois des règles qui nous échapperaient si elles n’étaient pas expliquées par Eric Meyer. On suit la montée en puissance inexorable de Xi Jinping qui a pris Gengis Khan comme père symbolique. Après Mao comme père idéologique. Qui succèdera à Jinping ? Et quand, comment ? Ce sera aussi sûrement une longue histoire qui se prépare sûrement depuis longtemps. Pour l’heure l’Occident doit composer avec Xi Jinping.
Xi Jinping, L’empereur du silence, Éditions Delcourt, 27,95 €
En effet, merci d avoir recommandé cette excellente BD.
Sur un homme d’état chinois, omnipotent à la personnalité fort opaque.
On entre vraiment dans les coulisses de son histoire personnelle, de sa,perdonlité et la manière dont il prend en otages 1,4 milliard de notre humanité, on suit son chemin idéologique pour tenter de mieux se saisir de ce qui mijote dans la cocotte ou plutot hot pot de l empire du milieu.
Merci de cet eclairage.