La Ballade d’un homme violent, cavale

La Ballade d’un homme violent, c’est un doux euphémisme pour cette cavale sanglante d’un type qui n’a plus rien à perdre et flingue à tour de Colt ou autres si affinités. Et pourtant il aurait presque des circonstances atténuantes (on a bien dit presque) Floyd, condamné à mort qui se barre avant d’être exécuté. Comme quoi ils auraient mieux fait de se presser les juges et flics US. Cela aurait évité de créer un bataillon de veuves et de veufs, d’orphelins divers. Mais en plus de ce scénario pur et dur il y a dans cet album une mise en page, un récit qui bouleverse avec talent si ce n’est même génie les codes du genre. Denis Van P a rédigé, mis en place, illustré son bouquin en mélangeant cases, textes en exergue, gros plans, peu de dialogues. Tout fonctionne à merveille alors qu’au premier abord ce n’était pas gagné. Deux gifles en fait, celle de l’histoire et celle du graphisme. On dira, mais on espère que d’autres aussi, que cette ballade vaut le détour et est à partager absolument.

La Ballade d'un homme violent Il a piqué une bagnole de flic et des flingues, buté ses deux gardiens. Floyd pourtant les avaient prévenus: à métier de merde, fin de merde. Un moment de flottement et direction le paradis des gardiens de prison. Mais Floyd se souvient qu’un sombre connard, son père l’avait attaché enfant à un épouvantail. Cela laisse des traces. Alors depuis Floyd Thorne tue, sort de sa prison en force avec un otage en morceau sur le capot, se fait allumer au M16 par un garde, s’arrête et le dégomme. Bon début de cavale, quatre minutes, quatre morts. Efficace et dans l’abattoir de porcs du coin, il va continuer ses joyeusetés au Python Magnum et fusil à canon scié. Mais dans le coin tout le monde est armé, dommage pour eux. Faut pas se rebeller contre un cinglé, le sang va gicler. Il vole une Mustang. Il fallait qu’il s’évade. Il a pris du plomb ce qui lui remet en tête la première fois où il a vu la jolie Nina et son casse de la banque avec Norman. Ses débuts en cadavres variés. Mais il y a une vipère têtue, une shérif, Grace Ollanda, qui n’a pas fini de lui en faire baver. Un condamné à mort dans la nature c’est pain béni pour la dame et ses adjoints. Le directeur de la prison ne peut pas la sentir.

La Ballade d'un homme violent

Pas une pause, un polar noir comme un des meilleurs films dans le style sauf que aucun n’a atteint ce degré de violence. Peut-être Peckinpah avec La Horde Sauvage. Denis Van P a signé une biographie d’Elephant Man. A croire que l’anormalité le transcende car La Ballade d’un homme violent fera date. Des touches de couleur, rouge souvent, font ressortir des moments précis du récit. Il y a même les dents de la mer qui font de la figuration. Noir et blanc sont majoritaires dans ce drame sans appel. Très travaillé le dessin, on pense (un peu) à Soda. Mais c’est vraiment la mise en page qui fait éclater le tout. Un bouquin qui a vu le jour grâce à Ulule, tant mieux.

La Ballade d’un homme violent, Éditions Kamiti, 22,90 €

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