Daniel Clowes, on aime ou pas, artiste certes génial mais souvent difficile à appréhender, à approcher. Il est dans le trio de tête des potentiels Grands Prix d’Angoulême cru 2024. Face à lui Posy Simmonds et Catherine Meurisse. Raison peut-être pour laquelle on a la chance que la Galerie Martel organise sa prochaine exposition à l’occasion de la sortie de son nouveau livre publié par les éditions Delcourt, Monica. L’exposition aura lieu du 24 janvier au 24 février 2024. Le vernissage est prévu le mardi 23 janvier à partir de 18h. La dédicace sur inscription a lieu le mardi 23 janvier à partir de 15h.
Le communiqué de la Galerie par Julien June Misserey fait une présentation exhaustive de Clowes dont voici des extraits. « Je ne sais pas comment, mais je me suis retrouvée de l’autre côté de la rue. J’étais complètement perdue. Terrifiée, comme coincée dans un rêve horrible. » Dans l’un des neuf chapitres de son dernier livre, l’impressionnant Monica, Daniel Clowes évoque le premier souvenir de la protagoniste principale, et glisse comme si de rien n’était un indice sur la manière dont le lecteur pourrait percevoir ce travail : dans une case marquante, Monica, encore enfant, est de dos, à un croisement de rue. Les voitures roulent, des détritus jonchent le sol, des passants errent : ce monde est vaste, complexe, et il sera compliqué de s’y retrouver sans être accompagnée. C’est une simple case, mais elle pourrait synthétiser tout ou partie de l’œuvre de l’auteur : à quoi bon avancer si personne n’est là pour nous orienter ? A qui devrait échoir ce rôle ? Et quelle sorte de guide deviendrons-nous, à notre tour ?
La longue bibliographie de Daniel Clowes, que l’on peut décemment considérer comme étant l’une des plus importantes œuvres de bande dessinée de notre époque, a débuté au mitan des années 80, au cœur du giron underground nord américain, dans les traces encore fraiches des frères Hernandez ou de Peter Bagge qui voulaient s’emparer du langage de la bande dessinée et de l’extirper de la mélasse mainstream dans laquelle elle semblait engluée. des cases de Monica aux couvertures du New Yorker, des illustrations pour la collection Criterion aux portraits pour Newsweek, Vogue, The Village Voice ou GQ, etc… Chaque dessin signé Clowes est reconnaissable entre mille.
Après quelques publications où l’auteur sème les intentions (ventilées via la parodie, l’hommage ou l’invention originale) et attire déjà une solide fanbase de lecteurs avertis, c’est la série EightBall qui rencontre vite son public : dans cette anthologie et durant quinze ans, Clowes expérimentera et signera quelques chapitres majeurs de plusieurs de ses livres, notamment Ghost World qu’il adaptera lui-même pour le cinéma en 2001 avec le réalisateur Terry Zwigoff. Le succès est considérable et installe l’auteur comme le scrutateur d’une époque complexe, faite de malaises, de vides et de non-dits. Douglas Coupland avait contribué à décrire la Génération X, Clowes lui donne des traits, et progressivement, prouve au passage qu’il n’est pas qu’un nostalgique des couleurs criardes des récits d’horreur des années 50.
Auteur d’un travail fragmentaire où se conjuguent étrangeté parfois grotesque, ambiance malaisante et regard critique inspiré sur le délabrement de la société nord-américaine, ses sujets de prédiction apparaissent comme autant d’obsessions. Laissant s’échapper quelques parts de lui-même dans le processus, le rapport à la filiation ou à l’enfance font leur chemin jusqu’aux récits qu’il publie régulièrement, portant en filigrane un peu plus de leur auteur : l’autobiographie n’a jamais été frontale chez Clowes, mais infuse l’ensemble de son œuvre.
Galerie Martel
17, rue Martel – 75010 Paris
contact@galeriemartel.fr / 01 42 46 35 09
Du mardi au samedi de 14h30 à 19h
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