Robert Cullen signe ces trois nouvelles qui sans détour font penser à l’extraordinaire série TV La Quatrième Dimension. Des personnages sans vrai relief, normaux confrontés au pire et qui vont essayer de s’y opposer, de réparer par tous les moyens. Réel ou irréel, la frontière est infime pour ces héros malmenés, coupables aussi parfois. Du grand art pour parler de ceux qui nous quittent.
1976 Blackpool en Angleterre, une jeune fille chante dans une revue de seconde zone pendant un tour de prestidigitateur. Cathy a d’autres ambitions et même un projet de chanson. Elle vit seule, économise pour s’acheter un magnétophone, enregistrer ses titres mais des loubards la cambriolent. Seule solution trouver un nouveau job et un magicien recrute. Sauf que ses partenaires dans le tour de la disparition disparaissent parfois vraiment devant un public masculin. Mais Cathy va tenter le diable. Suspense en or, et final étonnant, subtil, bien amené. Épisode 2, Perdre corps, un accident, une mère perd sa petite fille. Et la voit partout, la recrée, espère jusqu’au jour où. Enfin dans Sirène, on va entendre une musique bien sûr. Accident encore pour un ado à Glasgow qui va vieillir dans le silence car devenu sourd. Quand soudain une mélodie envahit son esprit et il va essayer de savoir d’où il vient. Il a un lourd secret à avouer. Elle sera le fil rouge.
La construction des récits par Cullen est remarquable, sans faite, sans faille. Tout s’imbrique, embarque le lecteur dans une profusion de sentiments les plus divers. L’âme humaine en toute transparence, peur, remords, un soupçon de fantastique. C’est la première BD de Robert Cullen directeur d’animation, réalisateur de séries. Le trait est maîtrisé, vivant, expressif. On reparlera de lui après cette superbe Ligne de fuite.
Ligne de fuite, Éditions Blueman, 19 €
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