On disait récemment que le 80e anniversaire du débarquement de Normandie, puis de Provence allait donner à la BD l’occasion de se positionner sur des albums qui allaient raconter entre autres aux plus jeunes mais pas que ce qu’a été la Seconde guerre mondiale. Sans oublier le massacre d’Oradour dont on a déjà traité avec un premier album mais qu’un autre vient rejoindre chez les libraires.
Avec La Seconde Guerre mondiale en BD de Vicente Cifuentes au dessin, Arnaud de la Croix au scénario on revient au traité de Versailles en 1919 qui ne sera jamais admis pas une Allemagne qui n’a pas capitulé en 1918 et dont les troupes se sont retirées en bon ordre. Sentiment d’injustice sur lequel va jouer Hitler bien avant 1933 où il prendra le pouvoir avec le parti nazi. Mais largement aidé par le pouvoir financier allemand qui va se faire un plaisir d’aider à reformer une armée pourtant soumise à des contraintes comme aussi l’aviation du Reich reconstituée en cachette. La Russie donnera un coup de main, passera plus tard un traité avec Hitler, le pacte germano-soviétique. Le Japon va ouvrir le bal dans le Pacifique avec la Chine envahie et ses massacres.
Et puis Hitler finalement diplomate retors et efficace récupèrera l’Autriche, baladera les démocraties à Munich. Seul Churchill comprendra que ce sera la guerre. 1939, 1940 et la défaite, Dunkerque, l’Occupation, la vague allemande déferle sur l’Europe soutenue par l’Italie. La suite c’est dans ce remarquable ouvrage très maîtrisé, aux personnages célèbres bien restitués. Pas de hasard dans cette guerre mondiale, totale, aux dizaines de millions de morts (entre 60 et 80), dont 6 millions de Juifs exterminés. Hitler aurait-il pu gagner ? Oui si l’Angleterre était tombée, et sans l’aide des USA qui après Pearl Harbor envoie ses escadrilles de B-17 basées au Royaume-Uni bombarder l’Allemagne et sera ensuite le fer de lance en Afrique du Nord, Italie, Provence et Normandie. Un ouvrage très bien fait qui ne cache pas non que les coupables après guerre non pas été tous punis et pour cause. La politique et la Guerre bientôt froide avaient leurs raisons pas toujours très morales.
La Seconde Guerre mondiale en BD, Éditions Le Lombard, 29,90 €
La massacre d’Oradour-sur-Glane sera l’un des pires épisodes en France de cette guerre. Ce ne sera pas le seul que ce soit en Russie, Chine et France où en juin 40 la Wehrmacht massacre les prisonniers noirs, les Tirailleurs Sénégalais. D’autres massacres de civils vont ponctuer l’invasion en France et les années d’Occupation. En 1944, l’Allemagne sait que la guerre est perdue mais dispose de divisions de choc dont certaines de SS comme la Das Reich remonte du Sud-Ouest vers la Normandie où les alliés ont débarqué. Oradour sera sur son chemin et la division a en plus ordre d’écraser la Résistance. Un prétexte, un choix, Oradour-sur Glane va être rayé de la carte. Philippe Tomblaine au scénario et documentaires, Arnaud Jouffroy, Emmanuel Cerisier, Maria Riccio au dessin ont reconstitué ce 10 juin 1944 où près de Limoges l’horreur va s’abattre.
Femmes, enfants, bébés, vieillards, hommes tous vont mourir soit brûlés vifs, soit abattus à la mitrailleuse, au pistolet. La population ne se doutait de rien, les SS avaient tout prévu. L’enfer est à Oradour. Robert Hébras est l’un des rares survivants, sa famille meurt. 643 victimes, Oradour devient un lieu de mémoire qu’il faut par contre entretenir. Cet album participe à cet effort avec 1 € par livre reversé à la Fondation du Patrimoine pour la restauration du village martyr. Ne pas oublier, voir. A noter que dans la Das Reich à Oradour il y avait 13 SS alsaciens. Un procès de dupes a eu lieu en 1953, comme l’a dit un survivant « une gifle pour les victimes ». Ils n’ont pas été condamnés pour sauvegarder l’unité nationale comme les juges qui avaient jugés des Résistants et qui ont continué leur carrière après la guerre. Phénomène aussi allemand, japonais. On a oublié.
Oradour-sur-Glane, 10 juin 1944, Éditions Petit à Petit, 19,90 €
Articles similaires