Sans paroles ou presque, pour son premier album Valentine Choquet a choisi de laisser à ses lecteurs le soin d’imaginer ce que ses personnages se disent. Dans Quand j’ai froid, on va se balader aux côtés de Louise, jeune étudiante solitaire et sa nouvelle copine, une vieille dame qui a des lunettes rondes et une belle écharpe. Une complicité que l’on suit image après case, toute en douceur et en beaux sentiments, un bonheur simple et réjouissant.
La neige, les cours, la solitude, les études, une vie bien ordonnée mais pas très gaie. La routine pour Louise jusqu’au jour ou devant l’ascenseur elle rencontre une petite dame âgée souriante extravertie qui (là elle parle) lui dit que quand il fait froid elle rétrécit. Elle lui explique tout ça à force de grands gestes, lui parle de son enfance neigeuse aussi dans les années 50, de son papa moustachu qui la cajole, lui donne son écharpe. Premier contact pour Louise qui s’en réjouit avec Andrée dont le petit appartement a des murs couverts de photos de sa vie. Louise et Andrée se recroisent, vont au marché de Noël, font leur courses, achètent des fleurs, sont dans un café sous un gris chêne qui était déjà là quand Andrée était adolescente. Dans le petit bar Andrée est séduite par le jeune barman Camille. Andrée se confie à Louise.
Deux solitudes qui se télescopent pour le meilleur, des jeux d’aplats pour marquer les époques, un trait souligné, rond, clair. De la tendresse que les images portent à l’esprit, suggérant les dialogues. Un exercice délicat et difficile, une challenge éditorial et créatif que Valentine Choquet a réussi. Les liens aussi entre deux générations, importants et vitaux pour bien vivre ses bonheurs, un Polaroid (appareil photo magique qui éditait les photos immédiatement sur papier mais qui avait tendance à s’effacer). Une mémoire qui faiblit pour Andrée, comme ses photos, une transmission en fait, humaine et bourrée d’émotions entre Andrée et Louise. Superbe et qui rappelle les échanges toujours géniaux entre petits-enfants et grands-parents.
Quand j’ai froid, Éditions de la Gouttière, 19,70 €
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