Le hasard a voulu qu’on se rencontre à Fabrègues au festival BD en septembre 2022. On se connait depuis un bout de temps et pendant l’interview pour Par la Forêt, Jean-Christophe Chauzy s’est mis à parler de lui, de son prochain bouquin intime, « Je suis dedans. Je n’ai pas beaucoup parlé de ce que je viens de vivre, un nouveau challenge pour moi que j’ai refusé un certain temps. Mon éditrice m’a convaincu, soutenu. Je vais parler de ce qui m’est arrivé pendant deux ans de Covid où moi j’étais à l’hosto. Mon sang était foutu. J’avais une myélofibrose. On était en février 2020 et il me fallait une greffe de moelle osseuse. Ma sœur était compatible mais j’ai passé un an et demi à survivre. Je me suis aperçu que j’étais devenu un autre. » Chauzy en avait reparlé en public pendant une rencontre animée par Ligne Claire à Uzès.
En ce mois de mars 2024, Sang neuf et ses 256 pages sortent avec un Chauzy qui se confie, se raconte, souffre, un malade, un cancer du sang, plus de plaquettes et donc la mort au bout d’un très court chemin si la greffe ne marche pas avec en prime un séjour en chambre stérile, des examens, la chimio. Une bagarre, puis un combat à mort, un corps à corps sans concession que Chauzy (il y a eu une erreur lamentable de nom, pardon, incompréhensible et corrigée) a su mettre en image avec lucidité, courage et peur, un vrai espoir chevillé au corps. Comment en parler sans tomber dans le pathos ? Avec simplicité, comme Chauzy le fait, une narration qui si elle émeut est toujours juste, avec tendresse aussi pour ceux qui l’entourent dans l’épreuve et souffrent avec lui, ces aidants auxquels on ne pense jamais assez, sa famille. Sang neuf c’est aussi une bouffée d’oxygène mine de rien pour tous. Merci.
Il va bien Chauzy, mène sa vie comme tout le monde. Il sait bien depuis longtemps qu’il a des plaquettes sanguines en surnombre mais bon. Une vie de couple, de famille, bonheur, dessin et trois mois après, hôpital, pompes, tuyaux, chimio. Il était installé à Lyon, heureux. Et d’un coup les plaquettes se cassent la gueule. Sa moelle osseuse s’est épuisée. Seule solution la greffe et là il faut trouver la personne compatible. Ce sera sa sœur Corinne. Il mouline dans sa tête Chauzy, revoit les années passées, celles où on se dit après qu’on aurait dû en profiter encore plus. En sachant que sa maladie pouvait déraper un jour où l’autre. Face à lui-même, panique et en prime le Covid qui débarque alors que ses défenses immunitaires sont au plus bas. Double frousse, double peine. Il se renseigne, lit et part à l’hôpital où il va être pris en charge par un personnel formidable dont aussi on ne parle pas assez, on ne dit pas les difficultés et qui fait passer le patient avant tout. Avant d’y aller Christophe se marie avec sa compagne. Amour pour affronter la mort qui rode.
Un journal de bord, un témoignage, pur, dur, sans jamais dramatiser, à la fois glaçant, réjouissant, optimiste et désabusé parfois. Dire qu’il faut avoir touché de près une réalité similaire n’est pas nécessaire même si c’est le cas comme beaucoup. Et que la vie gagne au moins jusqu’à ce que la mort inévitable se pointe le plus tard possible. Sang neuf se dévore. On est avec Chauzy qui a su choisir le ton exact. Il a fait le bon choix, sorte aussi d’exorcisme généreux. Il est guérit Chauzy et à très vite.
Pourquoi dites-vous que « Ferry » a su mettre en image avec lucidité,…
Y-a-il deux auteurs (Chauzy et Ferry )?
Merci de vérifier et de corriger si nécessaire !
Cdt