Un génie méconnu, un homme pour qui les maths étaient un jeu, un esprit certes parfois complexe dont on sait surtout qu’il a décrypté les codes de la mythique machine Enigma dont était pourvue l’armée allemande en 1940. Alan Turing a raccourci ainsi, dit-on, de deux ans la durée du deuxième conflit mondial car les Alliés savaient à l’avance les intentions des nazis. Qui eux bien sûr ne se doutaient de rien. Mais Turing ce n’est pas que ça. Il fallait tout le talent d’un François Rivière au scénario avec Maxence Collin pour arriver à humaniser Turing, à dévoiler simplement son parcours et à le restituer sans ennui avec le dessin de Aleksi Cavaillez (Derrière le rideau). 264 pages qui se lisent bien et apportent un œil neuf sur Turing poursuivi aussi pour son homosexualité à l’époque un délit. On se souvient également de l’excellent film sur sa vie, Imitation Game en 2014.
Cauchemars d’un jeune homme, Alan Turing qui part en moto avec son ami Robin. Et qui va raconter l’histoire de sa vie. 1951, il a 39 ans, rencontre Arnold, qui devient son amant. Lui est prof à la fac, fait de la recherche, essaye de traduire les maths en lois. Pourquoi la coquille d’un escargot est harmonieuse ? Parce qu’elle suit les proportions d’une suite mathématique. Rupture avec Arnold trop intéressé. Vol, enquête policière, accusation, procès, charges retenues avoir eu des rapports indécents. On est en Angleterre est la loi est sévère. Il dit tout à sa mère qui regrette d’avoir été absente si souvent. Elle vivait à Madras. La guerre de 14, son frère, son père de retour. Un procès où il est le coupable idéal sans excuses, intelligent, lettré à l’avenir brillant dès sa jeunesse dans les meilleurs établissements. Turing a 15 ans et se fait remarquer en maths mais ne sait pas s’adapter.
On suit Turing tout au long de sa vie et c’est lui le narrateur. Sa rencontre avec Chris Morcom sera décisive. Très tôt en 1935 ses profs ont senti son potentiel exceptionnel. Et il y aura Enigma, son recrutement par les services secrets britanniques, les codes qu’il casse. Il avait fait un séjour en Allemagne nazie qui le met mal à l’aise. Qu’est ce que calculer. Turing analyse l’acte et imagine une machine. On ne peut que saluer les scénaristes qui ont rendu claires les pensées de Turing pour le commun des mortels. On s’attache au personnage qui a vaincu Enigma mort empoisonné et gracié à titre posthume comme héros de guerre en 2013 par la reine Elisabeth.
Alan Turing, Éditions Casterman, 28 €
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