Le roman de Franck Bouysse avait été un succès. L’adaptation en BD de Grossir le ciel dont il assure le scénario avec Borris au dessin et à la couleur vaut le détour en Lozère où se passe l’action de cet album noir sur fond de champs enneigées. Graphiquement très maîtrisé, ce drame bien ficelé où tout va basculer.

1989, Pont-de-Monvert, Lozère, dans une grange une vache a du mal à vêler. Gus et Abel, pas des bavards arrivent à sauver le veau. Il y a un contentieux familial. 18 ans plus tard après la mort de la mère de Gus, il apprend à la TV le décès de l’abbé Pierre et descend à la cave. Il se souvient enfant de son père saoul. Aujourd’hui dans la neige lozérienne il chasse avec son chien Mars, entend un coup de fusil et un cri, trouve des traces de sang. Il rentre chez lui se barricade dans sa ferme paumée. Il pense que Abel a tué un prédateur et décide d’aller le voir armé quand même de son fusil, le trouve. Il prétexte le prêt d’une tronçonneuse, se cache en partant et vois Abel nettoyer une pelle ensanglantée dans la neige. Après être rentré chez lui ses souvenirs d’enfant le submergent.

Pas un mot de plus car la suite est évidemment la clé du livre. Des petits riens, des secrets familiaux , le duo Abel et Gus en fait se jauge, s’épie. Le suspense est brillant dans ce polar lozérien, des flashbacks, des choix de gris, de rouge, des séquences en couleur, rachat de terre, un inconnu mystérieux, une disparition, Borris a parfaitement rendu l’atmosphère étouffante du roman. Une lente et très efficace montée en puissance, insoupçonnable pour un drame pathétique et humain. Un très fort album.

Grossir le ciel, Éditions Delcourt, 18,95 €