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La Dame Blanche, vivre, vieillir et mourir

C’est un récit d’aujourd’hui, réaliste tout en étant serein, violent car la vieillesse et la mort sont exclues souvent de notre vision de la vie qui se devrait éternelle. La Dame Blanche est l’histoire d’une infirmière en maison de retraite qui voit arriver, partir en mourant des gens souvent perdus, abandonnés, malades mais qui ont été aussi jeunes qu’elle, autant bouillonnant d’espoir, de santé mais que le temps a rattrapé. Quentin Zuttion fait le portrait de la Dame Blanche, un titre qui renvoie à une légende, celle d’un spectre féminin qui apparait parfois dans un château, au bord d’une route selon les endroits. Comment quand on est dans ces EHPAD, que l’on veille sur des gens qui souvent n’ont plus que vous, peut-on faire la part du ressenti, de l’attachement inévitable et provisoire pour des gens dont on sait qu’il ne font que passer ? Comme nous tous et c’est là que La Dame Blanche remet les pendules à l’heure.

Toilette mortuaire, préparer un corps après le décès, c’est aussi le quotidien d’Estelle à la maison de retraite des Coquelicots. Coup au cœur, dernière coquetterie, boucles d’oreilles préférées de Madame Suzanne et Estelle l’infirmière retourne vers tous les pensionnaires qui prennent leur repas, leur verre de vin rouge comme Germano. Il faut prévenir la famille, pleurer et accueillir les parents. Et tout est fini. Avec sa copine Sonia, Estelle tient le coup. Elle garde dans une boite un modeste souvenir de chaque disparu, des boucles d’oreille pour Suzanne. Son copain et amant c’est Damien. Aux Coquelicots, Germano a la visite de sa petite-fille avec sa console de jeux.

Ce qui est touchant, c’est la façon dont se raccroche à Estelle ses patients. Il va y avoir l’ambassadrice qui vit dans ses souvenirs mais sont-ils vrais ? Quand on arrive aux Coquelicots c’est finalement parce qu’on gène un peu les siens. On ne peut rester indifférent à cette Dame Blanche surtout quand on a eu à gérer ses parents dans des conditions similaires alors qu’autrefois, il n’y a pas si longtemps, on vieillissait chez soi entouré par les siens. La question est de savoir si il y a encore du bonheur ou de la tristesse que seule la mort efface ? Un récit très bien bâti sur un bleu monochrome aux rares touches de couleurs vives. Estelle est en première ligne et personne ne lui demande comment elle va, elle. Bouleversant au final mais tellement vrai que cela en devient un très beau poème sur la vie.

La Dame Blanche, Le Lombard, 22,50 €

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