Une bestiole curieuse l’autruche. Elle n’aurait pas de sentiments. De la volaille tout juste bonne à finir en steak. Dans La Petite souriante, c’est pas vraiment l’autruche qui est visée au premier chef côté abattage. Non, Zidrou, lui il a visé l’humain, enfin si l’on peut dire en parlant d’une bonne femme qui se prend pour le Christ et ressuscite chaque fois qu’on lui éclate le crâne ou qu’on la réduit en cendres. Du noir sanglant, du gore qui dégouline, de la viande froide au menu et pas d’autruche, Zidrou a fait dans le drame campagnard qui tourne horrible. Le tout sur fond de ritournelle et du dessin de Benoît Springer qui recolle les morceaux d’un trait réaliste et angoissant à souhait.
A coup de masse il lui défonce la tête à sa femme le Josep surnommé Pep. Elle bouge encore ? On achève bien les chevaux et direction le fond d’un puits pour la Dora. Sauf que quand il rentre à la maison, la Dora elle lui demande si il a pensé au beurre. De quoi faire un malaise et pas vagal. Vivante, en chair et en os l’épouse mal aimée. Arrive la fille de la ressuscitée, Isabela, en rupture de lycée. Pas un cadeau la gamine, une vraie teigne et en prime la maîtresse de son beau-père, Pep. C’est elle qui a plus ou moins commandité le massacre de sa génitrice pour lui piquer à la fois son mari et son fric. Un caractère la gosse qui même devant le cadavre au fond du puits pense que Pep il s’est gouré de cible. Donc, rebelote. Dora doit y passer une bonne fois pour toutes. On ne va pas en faire un roman.
Il a fait fort Zidrou. On a presque envie de lui filer un coup de main à ce pauvre Pep pour en finir. On le plaint presque et il y aurait de quoi. A découvrir ce suspense macabre. On notera aussi avec intérêt les paroles de la contine Elle était souriante à retrouver pour les curieux sur YouTube. Et à la fin de l’album dans le cahier graphique. Une leçon de vie en quelque sorte. Finalement voilà une histoire pas si noire que ça. Fantastique plutôt, parfois abominablement drôle façon film de la Hammer. Zidrou et Springer ont dû bien s’amuser à se faire peur. Un album mortel.
La Petite souriante, Dupuis, 14,50 €
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