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Natures mortes, Balaguer le mystérieux

Qui est donc Vidal Balaguer ? Mais si, bien sûr, ce peintre catalan qui a disparu un beau jour comme disparaissait ce qu’il peignait. On s’en souvient évidemment. Il fallait donc rendre hommage à Balaguer, raconter son parcours d’exception, montrer ses tableaux qu’il refusait de vendre, redonner vie à son œuvre et pourquoi pas à Mar, sa muse. Zidrou l’a fait en écrivant le scénario de Natures mortes que Oriol sublime par un dessin d’une rare beauté, digne de Balaguer.

Vidal Balaguer a un modèle, Mar, qui est aussi sa muse. Le peintre Joaquim Mir, son ami, se souvient lui. On est en 1939 à Barcelone. Il va se confier à son propre modèle et lui raconter le curieux destin de Balaguer qui commence sa carrière à la fin du XIXe siècle. Il expose une toile dans un bar et un certain Puig veut lui acheter. Balaguer décide que sa toile n’est plus à vendre complètement perturbé par l’absence de Mar, sa muse qui a disparu et qu’il ne retrouve dans ses rêves qu’à travers le tableau qu’il a peint d’elle. Par contre, où sont passées les oranges de sa nature morte, les bouteilles de Xérès ? Et surtout le corps de la vieille dame dont il a signé le portrait mortuaire ? L’inspecteur Puig qui voulait acheter son tableau aimerait bien le savoir. Quant à Mar, elle a aussi disparu quand Balaguer a fini de la peindre.

Balaguer est-il un assassin ? Il a selon ses amis assassiné son talent en le noyant dans son chagrin. Que va-t-il pouvoir faire face à l’huissier qui le menace ? Il aura vécu une drôle de vie Balaguer qui va à son tour disparaître mais qui a compris les sortilèges de sa peinture. Une histoire vraie ou qui pourrait l’être, allez savoir. Tout le talent de Zidrou est dans cette ambiguïté sublimée par une rubrique biographique de Balaguer en fin d’album, peaufinée. On a envie grâce au superbe dessin de Oriol (Les Trois fruits) de voir de plus près les tableaux de Balaguer, sa Mar, son auto-portrait en point final. Il y a une poésie certaine dans cette histoire. Balaguer est bien là, on l’a rencontré. Un des meilleurs albums de ce début 2017 et le souhait d’une exposition d’Oriol pour voir ses planches originales..

Natures mortes, Dargaud, 14,99 €

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