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Interview : Avec Lonesome, Yves Swolfs confirme son don pour un western engagé

Le western Yves Swolfs il connait avec sa série Durango. Après Vlad ou Le Prince de la nuit, Swolfs est revenu à ses premières amours avec Lonesome influencé, il ne s’en cache pas, par Sergio Leone. Ce solitaire dont le nom est personne est aussi un chasseur sur la piste d’un prêcheur psychopathe. Lonesome a un pouvoir étonnant, lire dans le passé de ceux qu’il touche. Rencontre avec Yves Swolfs qui a mis tout son savoir faire dans ce western atypique bien cadré. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC

Yves Swolfs. JLT ®

Yves Swolfs, qu’est ce qui a motivé votre retour au western ce Lonesome teinté de fantastique et de politique ?

En fait j’avais déjà quand j’étais en train de faire le dernier Prince de la nuit je me suis rendu compte que j’en avais un peu assez des vampires.

C’est vrai que c’est un peu une étiquette qui est collée à votre œuvre ?

Oui. Donc je me suis dit qu’il fallait que je me remotive pour faire monter mon adrénaline. Je me suis demandé ce que j’avais vraiment envie de faire et le retour au western a été évident.

Comment l’idée a progressé ?

Au départ cela a été compliqué. Je ne pouvais pas reprendre Durango moi même. Cela m’aurait à la limite déprimé. J’ai réfléchi longtemps et il fallait retrouver un sujet qui sorte de l’ordinaire. Je savais qu’il y avait des choses qui m’énervaient dans l’actualité et j’ai voulu les replacer dans ce contexte western.

L’aspect religieux avec le prêcheur dément et aussi politique ?

Oui avec le jeu dangereux et éternel des banques qui mettent le monde à l’envers. On sait que les guerres sont toujours précédées d’une crise bancaire comme en 1930. La guerre de Sécession a été aussi provoquée en grande partie par des raisons économiques entre le Nord industriel qui a instauré des droits douaniers et le Sud qui ne pouvaient les accepter. L’esclavage était symbolique mais aussi économique.

On est avec Lonesome dans un western qui commence avec un prêcheur qui brouille les pistes et commet des meurtres qui pourraient déclencher la guerre entre le Sud et le Nord ?

Oui c’est un tueur en série qui se sert de la religion comme aujourd’hui des délinquants qui partent se battre pour une cause dénaturée. L’image du prêcheur c’est un peu ça. Au début de l’album il y a l’antagonisme entre le Kansas et le Missouri pour l’esclavage. Le récit démarre avant la guerre de Sécession.

On est dans un western pur et dur. Les influences cinématographiques sont flagrantes.

La principale c’est les westerns de Sergio Leone, de Corbucci. Plus maintenant le nouveau western, Tarantino, mais aussi surtout des séries comme Hell on wheels ce qui se fait de mieux dans le genre.

On a les héros traditionnels du western, le shériff, la prostituée ?

Croquis préparatoires de Lonesome

En fait j’ai eu du plaisir à les retrouver. Il y a un duel, la neige, j’y suis allé à fond. Il y a quelques références à Durango mais très peu. Et j’ai composé un scénario plus fouillé, plus actuel, politiquement, historiquement ou à travers la psychologie des personnages.

Revenons au côté fantastique. Quand le héros touche quelqu’un il a une vision de leur passé. C’est son côté indien ?

Cela va au delà de ça. On apprendra plus tard d’où il tient ce don. Il a été en effet recueilli par les Indiens mais il avait déjà ce don. Il y aura du fantastique, de l’ésotérisme et un peu de sorcellerie. Il y avait plein de médiums à l’époque. Ce sont en fait des dons extra sensoriels.

Combien d’albums de Lonesome sont prévus ?

J’ai tendance à dire quatre, ou cinq. Je fais le deuxième tome mais il y aura en fait deux volets de deux albums au moins chacun.

Lonesome est un héros qui peut continuer ses aventures ?

Oui mais je ne peux pas prévoir. J’en ai déjà pour quelques années avec quatre ou cinq albums. Et je ne rajeunis pas. Il faut gérer le temps.

Yves Swolfs devant ses planches exposées à Gruissan. JLT ®

Quand on gère le temps on ne gère pas son plaisir ?

En fait si. J’étais partie sur le tome 2 très stressé poussé par l’éditeur qui le voulait vite. J’ai fait du mauvais travail. Les premières planches n’étaient pas bonnes. Donc il fallait effectivement retrouver le plaisir, faire de belles planches. Il ne faut pas se laisser entraîner par la pression extérieure.

Vous êtes sur Lonesome, le scénario de Durango et c’est Thimothée Montaigne qui a repris le dessin du Prince de la nuit ?

J’ai fait un diptyque du Prince. Il a fini le premier. Mais je ne sais pas si on continuera. Légendes c’est Ange et ça ne me concerne plus directement. Durango a un peu de mal à avancer. On va attendre le troisième Lonesome et on verra si je me lance dans de nouveaux projets.

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