Yannick Corboz est le dessinateur des Rivières du passé chez Maghen. Avec Stephen Desberg, il a signé les débuts de deux héroïnes obligées de faire cause commune dans deux mondes, le notre, qui n’ont pas évolué de façon similaire tout en se situant à la même époque temporelle. Un défi graphique pas évident qu’a relevé Corboz dont on sait aussi qu’il poursuit les aventures de l’inspecteur Verhoeven. Corboz est revenu avec Ligne Claire sur la façon dont a navigué sur ces Rivières atypiques qui seront un diptyque. Et merci à Yannick Corboz pour ses croquis préparatoires qui illustrent l’article. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.
Yannick Corboz, Les Rivières du passé c’est un projet un peu en commun avec Stephen Desberg ? Quel a été aussi le rôle de l’éditeur ?
Il s’est dit que ça pourrait marcher si Stephen Desberg et moi travaillons ensemble. C’est Vincent Odin avec Daniel Maghen qui a trouvé que mon dessin se rapprochait de celui de Will. Ce qui nous rapprochait avec Stephen qui avait travaillé avec lui autrefois. On n’avait pas de directives. Ils nous ont dit de nous faire plaisir. Je fais également la brigade Verhoeven à côté. Je dessine le tome 3 mais j’ai tout mon temps. On a discuté avec Stephen. Cela a tourné autour des femmes en personnages principaux. Il y en a deux dans Les Rivières. On aimait avoir un monde fantastique à exploiter plus un lien historique, une sorte de thriller.
Oui c’est ce que j’ai fait remarquer à Desberg. On est dans un thriller fantastique avec deux mondes parallèles dont un qui aurait pu être ce qu’il n’a pas été. Et l’autre, le nôtre. Il y a un parcours mouvementé. Le fantastique vous tentait ? Vous m’en aviez parlé lors de notre dernière rencontre.
Cela me plait mais il fallait raccrocher le fantastique avec ce qui se passe de nos jours. On l’a fait un peu sans le faire exprès, le lien entre les Shayks et la Covid, avec des symboles ou des éléments qui nous rapprochent du présent. Essayer de faire une histoire universelle qui ne se prend pas trop la tête. Pas sérieuse comme un I.R.S., une histoire plus proche du Scorpion. On a parlé de nos carrières. Il avait envie d’écrire de façon plus intuitive. Moi de faire un album plus bondissant.
Desberg m’a dit comment il avait conçu le scénario, moins cadré puis affiné, réécrit ensuite de façon plus classique.
Oui tout à fait. Ce qui me convenait et il a beaucoup travaillé en fonction de ce que je souhaitais. Il est parti seul sur une idée globale en me questionnant. Après sur la mise en scène on a beaucoup échangé. On a fait grandir l’histoire petit à petit.
L’histoire est effectivement très élaborée. Vous m’aviez dit aussi que vous étiez pour une BD utile.
C’est vrai et important, mais là on est plus dans le divertissement pur. Pas de message. Le Shayks c’est un hasard.
Cela a été compliqué pour vous une BD aussi foisonnante, le besoin de documentation sur Paris au Moyen-Âge, les systèmes d’alarme ?
Non pas vraiment. Stephen a bien guidé les choses et c’est ce que j’avais envie de dessiner avec des clichés de Paris, les bords de Seine etc… Le Paris de carte postale. Les décors m’ont plu. Dans le monde parallèle, le Paris médiéval, c’était plus compliqué. J’ai pris dans les photos d’Atget au XIXe siècle. Et dans les villes médiévales existantes.
Ce n’est pas le Paris de Hugo ou Villon.
Non mais Jean Bastide pour son adaptation de Notre-Dame-de-Paris a pris aussi beaucoup de libertés. Dans mes BD, je mets des références sur la peinture, et là ce sont les dessins de Victor Hugo méconnus. Je suis parti sur un Paris très sombre fait de silhouettes plus que de monuments connus. Il y a eu d’ailleurs une exposition au Louvre sur le Paris médiéval.
Ce vous dites de Hugo est amusant car le chevalier Cerf qui à cheval tue les monstres fait penser à Phoebus dans Notre-Dame-de-Paris.
C’est la première chose que j’ai dite à Stephen. Les personnages de Stephen sont très romantiques.
Ses personnages sont à la fois classiques mais atypiques comme le Maitre de la peur. Comment les avez-vous fait vivre avec Stephen ? Des pistes, des fiches ?
Des intentions oui, et je rebondis. Je montrais mes essais à Vincent Odin ou Daniel Maghen. Avoir les avis de ceux qui vous entourent est important. On voit ce qui marche ou pas. Il y aura un carnet graphique dans l’album. Les personnages du début n’ont rien à voir avec ceux de l’album. Lamia est venue après. Au départ, c’était une courtisane mais je l’ai faite évoluer graphiquement. Il me fallait du contraste entre elle et Jane, la voleuse.
Il y aura deux albums. Rappelez-moi comment vous travaillez ?
L’outil n’est pas important. Je mélange ordi et papier. Je gribouille autour du scénario papier comme un de mes amis Grégory Panaccione. Je note les idées qui viennent, je réunis la doc sur l’ordi, c’est plus simple. Sur cette feuille, je mets des idées. Je passe tout l’album et ensuite je fais un mini story-board sur un petit carnet, pour voir le nombre de cases par planches, les moments forts. J’agence au mieux pour la qualité du rendu de l’histoire. Il faut qu’elle soit plaisante et agréable. Je fais ensuite un story-board normal cette fois en numérique en agrandissant mon carnet. Par contre il y a des planches que j’ai envie de faire sur papier. Je sors le crayonné et je les encre à la main.
Non car ils font 62 planches chacun. Dès le début on a voulu deux tomes maximum. Mais il pourrait y avoir une autre saison.
Il y a du potentiel en effet. Quel monde peut s’imposer à l’autre ou ils peuvent se rejoindre ?
C’est le gros point de discussion.
Pour Desberg, c’est une première. Pour vous, avec L’Assassin qu’elle mérite il y avait déjà des décors anciens.
L’Assassin n’était pas historique. C’était une BD en costume en 1900. Là c’est plus une uchronie que de l’historique.
Un genre qui a été très en vogue l’uchronie en BD. Vous arrivez à travailler aussi sur Verhoeven en plus du tome 2 des Rivières ?
Le tome 1 des Rivières est fini depuis longtemps. Mais la Covid a obligé à le repousser en janvier. On veut sortir le tome 2 rapidement, un an après en février 2022. Donc à côté j’ai pu faire aussi la brigade Verhoeven.
Oui des expos. J’ai participé à un album sur The Ink link créé par Lupano. Sur le thème des personnages âgées, et là avec le CHU de Bordeaux on va faire un album sur la première vague du Covid, tous les problèmes que les soignants ont rencontrés. J’ai fait quatre planches.
Dans Les Rivières du Passé, qu’est-ce qui vous a le plus enthousiasmé ?
L’aventure. Pas vraiment le mystère mais la quête oui. Je ne suis pas vraiment calé en Égypte ancienne mais Stephen m’a appris beaucoup de choses. Je connaissais l’idée du monothéisme avant Moïse.
Vous m’aviez dit aussi que vous recherchiez la simplicité. Cette fois c’est plus difficile, non ?
Pas du tout. Les personnages du début n’ont rien à voir avec ceux de l’album. Lamia est venue après. Au départ, c’était une courtisane mais je l’ai faite évoluer graphiquement. Il me fallait du contraste entre elle et Jane, la voleuse (rires). On ne fait pas toujours ce que l’on veut (rires). Je me suis senti très à l’aise. J’ai évolué pour cet album.
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