XXI aura marqué l’histoire de la presse pendant la dernière décennie. Cette revue lancée par Patrick de Saint-Exupéry a décidé de se « relooker » comme on dit, changer son aspect, retrouver ses marques en rajeunissant la formule. Une tentation très « Presse », sorte d’exorcisme régulier, grand messe nécessaire et utile pour mieux correspondre à un lectorat, un monde qui a évolué. On parle aussi dans le métier de nouvelle formule. C’est le terme employé par la nouvelle direction de la Rédaction, deux journalistes efficaces, talentueuses, Léna Mauger et Marion Quillard. Elles ont accepté un défi pas simple mais qui, on le leur souhaite, en le relevant, permettra à XXI de continuer à nous séduire par son objectivité et son professionnalisme inventif. Bon vent à XXI. On vous suivra de près et avec amitié. Sortie du numéro le 10 janvier 2020.
En avoir plus sur ce nouveau XXI, un titre qui a introduit le journalisme en librairie en 2008 et a insufflé un vent nouveau. On n’efface pas tout mais on retravaille le concept pour cette nouvelle parution à l’aube de 2020. La maquette, la mise en page, les choix éditoriaux, XXI se remet en cause et, avec le titre ses équipes rédactionnelles qui a retravaillé les rubriques, le chemin de fer. XXI revendique, et on est d’accord, « aimer les histoires, et les histoires bien racontées. Mais qu’est-ce qu’une bonne histoire ? Et comment bien la partager ? ». Vaste programme. XXI, c’est une revue de reportage indépendante, « sans publicité, fabriquée à l’huile de coude par une petite équipe et tout un réseau de contributeur.trice.s sur le terrain, journalistes, écrivain.e.s, illustrateur.trice.s, photographes, BD-reporters. Une revue qui ne vit que grâce à ses lecteur.trice.s. Une revue totale, qui mêle tous les moyens littéraires et visuels pour raconter le monde. » Et c’est aussi pour ça qu’on aime XXI, pour son indépendance et sa volonté.
Dans l’intimité du siècle
La démarche de cette nouvelle formule est volontariste, courageuse, ambitieuse. XXI dit « vouloir une vraie politique de couverture, pour hiérarchiser et éditorialiser davantage les sujets. Embarquer les lecteur.trice.s dans des histoires, mais aussi, désormais, pouvoir poursuivre et éclairer les récits avec des témoignages, des contrechamps, des interviews de penseurs, philosophes, écrivains, géographes. Varier les tons et les écritures. Mêler le grave et l’humour, bâtir un modeste trait d’union entre les gens et le siècle, donner du sens à un monde désorienté. À notre manière : avec de la chair, des couleurs. De l’intime. »
Un coup d’œil sur le sommaire
Une sélection dans un sommaire très riche qui comporte de nombreux sujets :
Dans la tête d’un pilote de drone par Marion Touboul. Sur les traces des ces pilotes terriens aux commandes d’un drone, arme mortelle volante qui va frapper, à des milliers de kilomètres, une cible plus ou moins anonyme. Plus rien à voir avec un pilote de chasse au cœur du combat, sans risque mais terriblement, moralement éprouvant. Un reportage qui dévoile aussi que les drones français interviendront bientôt en Afrique.
Avec Mon inconnu, on découvre un nouveau format illustré, un Carnet pour raconter une histoire intime en mêlant archives, photos, textes et illustrations. On revient sur le maquis Bir-Hakeim que l’on connait bien dans la région, à la fin de la seconde guerre mondiale. Les résistants se battent contre les Allemands en Lozère. Parmi les fusillés d’un petit village en représailles, un corps de trop, un inconnu.
La star, les papys et les bijoux par Patricia Tourancheau, on se souvient de l’affaire Kim Kardashian (au demeurant aussi une bonne BD de Mardon). Une équipe de papys braqueurs, menés par « Omar le Vieux », a détroussé Kim Kardashian. Un butin à 9 millions d’euros, en plein Paris. Un casse qui a tourné au fiasco, raconté avec la gouaille de Patricia Tourancheau, ancienne plume Police-Justice de Libération.
Pour la BD, Terminus Liban par Zeina Abirached. Le Liban, autrefois quadrillé de voies de chemin de fer, s’est trouvé peu à peu coupé de ses voisins par la politique et la guerre. Les gares sont tombées à l’abandon, mangées par les ronces. Et le pays est devenu une île. Une enclave. Les manifestations de l’automne le montrent : le Liban est devenu un confetti au bord de la crise de nerf.
Portfolio, un cahier photo, au milieu de la revue, pour mettre la photo en majesté. Le sujet, La conquête du Nord, un récit photo de Louie Palu. Le photographe nous emmène au-dessus du cercle arctique. Une terre vierge, immaculée, qui n’appartient encore à personne. Mais pour combien de temps ? Américains, Canadiens, Russes, Norvégiens… Chacun se prépare à conquérir le Pôle.
XXI n°49, hiver 2020, 212 pages, 16 €
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