On regroupe, on rachète. Cette fois ce sont XXI et 6Mois qui rejoignent La Revue Dessinée et TOPO. C’est ce que viennent d’annoncer Sylvain Ricard et Franck Bourgeron, fondateurs de ces derniers titres. Cette acquisition se fait en partenariat avec les Éditions du Seuil présidées par Hugues Jallon.
Le communiqué précise que cette reprise est réalisée dans le cadre de la liquidation judiciaire de la société Rollin publications par le tribunal de commerce de Paris. Il poursuit en affirmant que les équipes éditoriales de XXI et 6Mois ou le XXIe siècle en images restent en place et poursuivront le travail mené depuis dix ans. Chacun de ces titres conservera son identité spécifique, avec toujours la même exigence de qualité et d’originalité, à la fois sur le plan éditorial et artistique.
Ces quatre titres formeront le premier groupe indépendant de mooks (magazine-books) en France. Ensemble, ils occuperont une place prédominante sur le marché des revues d’information en librairie, avec 300 000 exemplaires vendus par an.
A suivre dans les faits en souhaitant, entre autres que XXI puissent continuer sur la même ligne éditoriale.
Voici ce que nous disions de XXI à la sortie de son second numéro en mai 2008 après une rencontre avec Patrick de Saint-Exupéry, son créateur qui qualifiait cette aventure de pari risqué mais qui pourtant s’était imposée :
C’est un vrai succès d’édition. Le second numéro du trimestriel national XXI a été tiré à 50 000 exemplaires. Le numéro un sorti en janvier s’est vendu à 45 000 exemplaires. De passage à Montpellier à la librairie Sauramps pour un débat Patrick de Saint-Exupéry, rédacteur en chef de XXI, était accompagné des dessinateurs Jacques Ferrandez et Jean-Philippe Stassen. Ils ont signé les BD reportage de XXI.
« Nous voulions un journal avec un format réduit qui retrouve la capacité de raconter l’actualité, sans pub et qui se vende dans les librairies ». Un pari risqué qu’assume Saint-Exupéry en ajoutant : « XXI devait pouvoir se lire comme un livre, un journal du récit qui décline tous les genres, photos, illustrations et BD ». D’où l’entrée en scène de Stassen avec un récit de 30 pages, Les Visiteurs de Gibraltar, qui traite de l’immigration dans le numéro un : « Je connais bien le Maroc. Pour XXI je m’y suis baladé un mois. J’ai pris des notes. De retour en Belgique j’ai raconté par le dessin ce reportage de contacts et de rencontres. Tout est vrai et cela a été un vrai plaisir ». Un récit fort, percutant, émouvant.
Au tour ensuite de Jacques Ferrandez dont on connaît Les Carnets d’Orient sur la guerre d’Algérie. C’est Cuba que Ferrandez a choisie après un premier périple touristique. Il y reviendra avec son fils Pierre à Noël dernier. Ils signent à quatre mains Cuba Père et fils dans le dernier XXI. « Des rencontres, la confrontation de deux générations. Le père est un vieux révolutionnaire. Le fils aspire à partir et vivre mieux. Notre histoire est à deux voix ». Ferrandez a mélangé les aquarelles et les croquis, bâti son scénario. Son fils a créé le personnage du jeune cubain. Le tout parfaitement construit et vivant sera d’ailleurs complété et édité en album en septembre. La BD a donc définitivement rejoint avec brio et pertinence le monde fermé du grand reportage. Elle lui apporte un autre souffle.
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