On oublie, on a la mémoire courte, une pandémie en remplace une autre et pourtant le sida aura marqué à jamais le XXe siècle et n’est pas pour autant éradiqué de nos jours. Pas de vaccin et risque de rebond de l’épidémie. Le hasard des sorties éditoriales de cette fin d’été fait que deux BD reviennent sur cette maladie, une mst, qui aura décimé le milieu gay au début des années 80 puis remis en cause les transfusions sanguines, migré vers les hétéros. Randy Shilts et la fake news du patient zéro (Glénat) est une chronique journalistique de ce qu’on a appelé le cancer gay puis sida. faut-il mentir pour que la vérité explose ? Avec Salon de beauté (Dupuis) c’est une vision métaphorique de la propagation de la maladie, un salon de coiffure, un aquarium et un poisson qui meurt. Faut-il jeter les autres ?
Clément Xavier (Waco horror) a scénarisé Randy Shilts et la fake news du patient zéro sur un dessin de Héloïse Chochois. Alors que les USA et le monde gay est touché en 1981 par ce que l’on qualifie de cancer homo, un journaliste du San Francisco Chronicle lui-même gay va enquêter. San Francisco est la capitale mondiale à cette époque de l’homosexualité. Shilts a rédigé la bio de Harvey Milk premier homme politique ouvertement gay et assassiné à la mairie de San Francisco. Ce qui lui vaut un job au Chronicle. Un coup de fil d’un trentenaire qui a le sarcome de Kaposi, nom inconnu d’un cancer de la peau rare qui ne touche que les vieillards et la vie de Shilts va basculer. Car le sarcome semble ne toucher que des gays et de plus ne plus nombreux. Chape de plomb sur l’info. Sauna gay de Castro, un steward de passage, Atlanta et le centre des maladies infectieuses, un médecin va parler Shilts. Tout le pays a des cas similaires de cancer gay impitoyable. Et aucune mesure n’est prise, pas de mise en garde ou de fermeture de sauna. Même Atlanta la joue cool dans un premier temps. Shilts continue et une médecin enfin lui avoue qu’on sait que c’est une maladie sexuellement transmissible. La suite montre comment en trichant un peu Shilts a réussi à faire éclater la vérité, stigmatise l’indifférence du gouvernement qui a permis sa propagation.
Randy Shilts et la fake news du patient zéro, Éditions Glénat, 23 €
Quentin Zuttion est au scénario (Toutes les princesses meurent après minuit) et dessin de Salon de beauté. Un aquarium où il y a encore des poissons multicolores vivants. Un homme, Jeshua, se penche sur son ami mourant, Isai, le corps couvert d’écailles, comme un cancer de la peau. On est dans un salon de beauté transformé en une sorte de clinique ou de mouroir. Et comment en est-on arrivé là ? Beauty Fish est dirigé par Jeshua qui a des clientes fortunée et un personnel gay, Isai, Alex. Le fils d’une cliente cherche un job mais pas possible. Difficile de vivre son homosexualité pour le trio. Jardin public, prostitution et pour la première fois dans l’aquarium un poisson meurt et se fait dévorer par les autres. Que faut-il faire ? Si c’est contagieux tous sont condamnés. La vendeuse conseille à Jeshua de leur créer des caches avec des rochers. Mais toujours se cacher ce n’est pas une vie. Victor le fils de la vendeuse accompagne Jeshua dans la réserve, coup de foudre. Et début de curieux symptômes. Des écailles et la peur des « autres ». L’adaptation du roman de Mario Bellatin montre là aussi comment le sida a décimé la communauté gay, niée par ailleurs mais la vision que restitue Zuttion est onirique, parsemée aussi de douceur poétique malgré la tragédie.
Salon de beauté, Éditions Dupuis, 24,50 €
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