C’est un épisode de l’Histoire contemporaine méconnu en France empêtré à l’époque, elle-aussi, dans une décolonisation algérienne qui s’est transformée en guerre. En 1960, le Congo belge, le Congo-Léopoldville devient indépendant. A ne pas confondre avec le Congo-Brazaville voisin et ex-colonie française. La Belgique y est depuis la fin du XIXe siècle et une population de colons belges y habite. Beaucoup veulent partir. Et c’est ainsi qu’on retrouve dans Léopoldville 60, la piquante Kathleen, héroïne de l’épisode précédent Sourire 58. Devenue hôtesse de l’air sur la Sabena, elle va se retrouver mêlée une nouvelle fois à l’histoire en marche. Une reconstitution minutieuse bien menée par Patrick Weber au scénario et Baudouin Deville au dessin d’une ligne très claire proche de Jacobs.
Sur le vol Bruxelles-Léopoldville, Kathleen fait ses premières armes sur un vol de la Sabena. La situation au Congo qui va devenir indépendant, est tendue. Les colons belges sont toujours les maîtres. Kathleen rejoint une amie qui vit au Congo, Monique. Elle lui présente ses parents et les endroits branchés de la ville comme La Véranda tenu par un Américain, Bud. Kathleen raconte à Monique l’aventure sans lendemain qu’elle a eu avec l’inspecteur Stan Stout qui voulait qu’elle soit une femme au foyer. La jeune femme assiste aussi à un scène raciste causée par un des passagers du vol. Peu à peu, elle prend conscience de la situation à la veille d’une indépendance proche. Monique, comme beaucoup de colons, ne peut accepter de quitter le Congo qu’elle considère comme son pays.
Le choix du sujet n’est pas neutre. En 2020 on fêtera les 60 ans de l’indépendance du Congo belge sur laquelle un excellent dossier en fin d’album revient dans le détail, très illustré. En traitant de destins individuels, les auteurs en disent finalement plus que parfois les livres d’Histoire. On connait aussi en France cet angle avec 1962 et le départ dramatique des Français d’Algérie. L’après indépendance sera compliquée au Congo. Lumumba, Mobutu, le Katanga, Tshombé, les Belges vont partir en masse, 35 000 exfiltrés par la Sabena, la compagnie aérienne nationale belge. L’intrigue tient bien la route entre grande et petite histoire, intérêts financiers. Ce tome 2 est tout autant réussi que le précédent. Quel sera le sujet des prochaines aventures de Kathleen ?
Léopoldville 60, Éditions Anspach, 14,50 €
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