Un dessin typiquement réaliste à la Norman Rockwell , une ambiance de polar des années cinquante style Dans la Chaleur de nuit et pour couronner le tout un superman noir en salopette qui va sauver un patelin raciste de la grande crue de 1927. On est dans le sud des USA bien sûr et ce Strange fruit a un goût venu d’ailleurs comme son héros. Aux commandes de ce brillant OVNI, Mark Waid et J.G. Jones qui tout en respectant les genres les enrichissent et inventent à tour de crayons des pistes nouvelles. Un comics hors normes.
Avril 1927, à Chatterlee dans le Mississippi, les eaux gonflent le fleuve et risquent de noyer la région faisant un grand nombre de victimes. Un ingénieur noir a été envoyé par Washington. Dans une région aussi raciste, ce n’est pas vraiment une bonne idée. Pour les Blancs les Noirs sont une main d’oeuvre idéale pour combler les trous dans la digue mais l’un des leurs, Sonny, n’est pas de cet avis. Soudain, le ciel est déchiré par une trainée de feu et un impact énorme marque le sol. Le Ku Klux Klan agresse un anciens sénateur et sa compagne qui ne veulent pas que l’on se serve de sa propriété pour détourner les eaux. Le Klan veut pendre Sonny mais un Noir gigantesque et les fesses à l’air le sauve. Invincible l’homme se balade dans le patelin drapé dans un drapeau sudiste. Le shériff est un abruti.
Le grand Noir venu de l’espace est le seul avec ses pouvoirs capable de sauver le village. On se doute que de là où il vient il a été exclu mais la métaphore est intéressante. Chez les racistes du sud ce n’est pas un héros blanc qui est le meilleur mais un Noir venu de nulle part face à des crétins extrémistes dangereux ou des intérêts financiers. Que va-t-il devenir ? C’est une autre histoire. Strange Fruit a été un grand succès de Billie Holiday qui traite ouvertement du lynchage des Noirs. Quelques visages d’acteurs comme Robert Ryan font de la figuration. On reste un peu sur sa faim mais quelle force et quel talent.
Strange Fruit, Delcourt Comics, 15,95 €
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