On l’attendait ce second épisode des aventures amoureuses et autres de ce bon Monsieur Voltaire. Dans le premier tome, Clément Oubrerie battait le rappel des origines, de la formation, des premiers écrits contre la volonté paternelle, du diplomate raté et bien sûr de ses amours lui fringant amoureux perpétuel. Rien ne change dans le tome deux. On reprend le fil avec Émilie la future bien-aimée, l’Angleterre, le succès et plus encore. Le futur grand philosophe rencontre la passion.
Émilie a des soucis, s’offre un cocktail à l’opium et défaille devant le comte de Guébriant qui l’a virée. De quoi aller faire un beau voyage en rêve pour retrouver un certain Newton sous son pommier. Heureux Gotlib. Mais elle en fait trop la belle embrumée. Il apprécie pas Newton. Émilie du Châtelet est une féministe savante, les deux peuvent s’associer. Et Voltaire a pour elle le coup de foudre dans l’un de ces salons pédants où il brille et la rencontre. Émilie aime avant tout l’esprit de Voltaire. Pour le corps, il va falloir attendre. D’autant que le futur philosophe international a sur le dos des coups de bâtons et un nobliau qu’il a vexé. Ce qui l’oblige, après un nouveau séjour à la Bastille, à aller faire un tour chez les Anglais. Deux ans de pénitence dans un pays dont il aime bien la monarchie constitutionnelle et avec toujours Émilie au fond du cœur. A quarante ans, il finit par douter de son avenir mais ne lâche rien.
Descartes et Newton font de la figuration, Clément Oubrerie trace la figure comique d’un esprit brillant mais parfois enfantin et cabotin. Il nous offre une Émilie catwoman sur la flèche de Notre-Dame, et son amie la duchesse de Saint-Pierre qui lui ferait bien un sort au Voltaire. Mais il est accro le bonhomme. Bon, on en dit pas trop. Oubrerie reconstitue une époque brillante, pas simple cependant, et portraitise un Voltaire impatient, bouillant mais génial, cœur d’artichaut. Il y a des planches d’Oubrerie superbes, celles du premier corps à corps d’un couple fougueux et amoureux, Émilie en selle. Mais dans la vie il y a des hauts et des bas même pour ce bon Voltaire. Un travail tout en finesse, précis et d’une rare puissance évocatrice, poétique aussi, réaliste et pleine d’humour.
Voltaire très amoureux, Tome 2, Les Arènes BD, 20 €