C’est fait, on l’a dit, et on a interviewé Vittorio Giardino pour la sortie si attendue du Libraire de Prague, le dernier Jonas Fink (Casterman). Mais pour le plaisir on s’est amusé à retrouver quelques rencontres plus anciennes avec Vittorio. On y parlait déjà de Fink et de cet épilogue fantôme. Vittorio était venu au festival de Sérignan en 2010 et on s’était souvent rencontré que ce soit au salon du Livre qu’à Angoulême. Retour sur des rencontres qui ont pour thème aussi bien sûr Max Fridman sur lequel Giardino travaille en cette année 2018.
Vittorio Giardino présentait au Salon du Livre (2008) le dernier tome de Max Fridman, Sin Illusion, son héros pris au piège de la guerre civile espagnole. Avec l’élégance subtile d’un auteur dont les travaux sont rares. Le premier Fridman est paru aux débuts des années 80, le cinquième aujourd’hui. Un homme tout en finesse qui a le charme de son Italie natale et sait à merveille parler de son art.
Pourquoi avoir choisi la guerre d’Espagne, un conflit un peu oublié de nos jours ?
Parce que justement on a oublié que l’Espagne en 1938 a été le « terrain de jeux » du fascisme qui y a testé sa vision de la guerre moderne en bombardant les populations civiles. Parce que plus récemment le siège de Sarajevo a ressemblé à celui de Madrid. Ou encore que les démocraties ferment aujourd’hui les yeux sur le Darfour. L’Histoire donne des leçons qu’il faut savoir retenir.
Fridman est français, ancien agent des services secrets. Il est juif et a combattu dans les Brigades Internationales. Giardino est-il un auteur engagé qui ressemble à son héros ?
C’est très important pour moi que Fridman soit juif. Ils ont toujours été confrontés aux persécutions depuis des siècles. Fridman comprend ainsi mieux que tout autre en 1938 ce que les nazis risquent de faire. Je suis allé récemment en Israël et je pense qu’une prochaine aventure de Fridman s’y déroulera à la veille de l’indépendance en 1948. Et un autre épisode en 1940, en France, pendant la « drôle de guerre », au moment où on se refuse à envisager malgré tout qu’une tuerie comme celle de 14-18 puisse se reproduire. Enfin, oui, Fridman me ressemble beaucoup. Barbe, pipe (sourire).
Le spectateur doit être acteur. J’écris de très longues histoires dans lesquelles je coupe largement. Je prolonge par des croquis en même temps de façon à me mettre à la place de chacun de mes personnages. Je suis d’une précision cependant rigoureuse. C’est le secret. Une BD ce n’est pas un reportage photo. Mes décors urbains sont souvent en fait inventés.
Les femmes tiennent une place très importante dans votre œuvre. Vous avez illustré pour Vogue ou Glamour. Dans Fridman il y a toujours un second rôle féminin.
J’aime les femmes et en particulier la mienne et mes deux filles. J’aime les dessiner mais je suis incapable de me mettre vraiment dans leur peau. Comme il m’est impossible de dessiner de la science-fiction. Moebius est inégalable dans ce domaine. Non, ce qui me manque c’est le temps pour dessiner tous mes projets et en particulier le tome 3 de Jonas Fink qui raconte la vie d’un jeune homme juif sous un régime communiste d’un pays de l’est. Je vais m’y mettre, promis.
Max Fridman, Tome 5, Sin illusion, Glénat, 13 €
Vittorio Giardino était non seulement le président du jury du 15e festival de Sérignan 2010 mais aussi l’invité d’honneur. Une rencontre et une occasion rare car Vittorio Giardino est rarement venu dans la région.
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