Avec Benoît Ers, Vincent Dugomier signe une série dont trois gamins de treize ans sont les héros. On est en 1940. La France est occupée par les Allemands. Les Enfants de la Résistance (Le Lombard) prix des Collégiens à Angoulême 2016 raconte comment un village, des plus jeunes et des plus grands, va passer dans le camp de ceux qui n’acceptent pas la défaite et veulent lutter contre l’occupant. Un sujet pas facile mais qui permet de faire acte de mémoire aujourd’hui auprès d’un public jeunesse très demandeur. Vincent Dugomier revient sur la série qu’il scénarise et dont le tome 2 vient de sortir. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC
Vincent Dugomier, pourquoi avoir choisi de parler de la Résistance ?
C’est mon dessinateur Benoît Ers avec qui je travaille depuis longtemps qui était tenté par le sujet. Mais je ne voulais pas une histoire sur les opérations militaires mais sur les civils. On échangé avec Benoît toutes nos anecdotes familiales et on s’est rendu compte qu’on avait eu des grands-parents résistants. Donc on s’est dit qu’on allait raconter ça avec un environnement du quotidien dans un petit village. J’ai vu aussi l’occasion de renouer avec l’aspect humaniste de ma famille. Je ne voulais pas par contre faire La Grande Vadrouille.
Vous placez votre récit dans un contexte historique précis mais aussi cœur du sujet, les débuts de la Résistance fin 1940 ?
C’était primordial car on s’adresse à la jeunesse. Il fallait raconter pourquoi on résistait donc le démarrage de l’action, la prise de conscience par une poignée de Français qui se sont réveillés. Dans le tome 2 on finit en février 1941 et là, déjà, la Résistance commence à s’organiser.
Vos héros sont trois gamins, Eusèbe, François et une petite allemande réfugiée, Lisa ?
On la fait passer pour belge au départ. C’était une façon d’avoir un point de vue d’Allemands dissidents qui ont fui le nazisme et apporter plus de richesse dans le point de vue d’autant qu’elle est totalement adoptée par la population du village qui va lui faire des faux papiers. L’action se passe dans l’Est de Dijon sans vraiment être très précis.
Ces enfants ont quand même une mentalité et des mots d’adulte. Le père de l’un d’eux va être fusillé à cause de ce qu’ils font. Vous avez eu des exemples semblables ?
Combien de tomes sont prévus ?
On pourra aller jusqu’à sept sans problème. On veut faire un épilogue assez copieux qui dépassera la fin de la guerre. Les enfants vont grandir.
Vous abordez un sujet méconnu, la façon dont les Allemands ont traité les soldats français prisonniers africains.
L’épisode du train dans le tome 2 est authentique. Les Allemands pendant la campagne de France en juin 40 ont souvent abattus sur place et maltraités les Sénégalais sous uniforme français. Ils ne voulaient pas les garder comme prisonniers en Allemagne car ils les considéraient comme des sous-hommes. L’action du tome 2 repose en partie là-dessus.
Oui et il n’y a presque pas de survivants de la résistance à cette date. Quatre ans à tenir sous la pression de la Gestapo ou de la police française, c’est impossible. Ils sont morts ou déportés. On parle très peu de l’appel du 18 juin à cette époque et le terme de résistants est peu utilisé. On a aussi envie de raconter les choses lentement et comment les gens ont vécu après la guerre qui ne s’est pas arrêtée le 8 mai 1945. En fait il a fallu à ces enfants des années pour retrouver un équilibre familial. Ils ont payé le prix pendant et après 1945. On arrive ensuite vite à la guerre froide.
Comment travaillez-vous avec votre dessinateur ?
J’avance par chapitre. On s’échange nos documentations. On ne peut pas ne pas être précis. Benoît Ers a voulu être réaliste mais il a synthétisé aussi parfois.
Chaque album se termine par un dossier historique, une explication de texte ?
Je les ai rédigés moi-même. Ce qui est génial c’est que les enfants se reconnaissent et quand je suis dans des classes ils posent plein de questions. Tout en ne connaissant pas tout sur l’histoire. Cela les intéresse beaucoup. Ils ont des références. Il fallait montrer dans l’histoire des gamins futés. Les jeunes héros ont 13 ans. On le dit au début du premier album. Je fais des rappels pour rendre cohérent mes textes et les réactions des enfants comme à l’école celui qui parle de Pétain et répète ce que ses parents disent chez lui.
Les écoliers que vous rencontrez connaissent la collaboration, le nazisme ?
Je n’ai pas encore traité la collaboration. Pour le nazisme j’ai eu une classe qui revenait tout le temps sur des Allemands blonds aux yeux bleus, des méchants. Il faut recadrer mais les questions sont vraiment passionnantes. J’aimerais bien d’ailleurs aller au nouveau mémorial des civils dans la guerre à Falaise.
Vous êtes en plein dans votre série pour l’instant ?
Effectivement nous sommes très concentrés sur cette série. Techniquement Benoît Ers travaille totalement depuis le tome 2 sur ordinateur. Cela permet de gagner du temps et il s’en sert bien. Dans le tome 1 il avait dessiné de façon traditionnelle. Benoît et moi sommes de vieux complices. On avait fait entre autre Les démons d’Alexia. On a vingt-six ans de vie commune avec Ers. Et cela va continuer.
On avait déjà signalé que La Sagesse des mythes, la collection consacrée à la mythologie…
Du vécu un peu amélioré mais qui sur le fond est passionnant et remarquable. Comment…
Récompensé par le Grand Boum-Ville de Blois, David Prudhomme préside la 41e édition du festival…
Un bel album ce qui est tendance, dos toilé, beau cartonnage et 240 pages, Mémoires…
On les suit de très près les éditions Anspach car c'est vrai on a un…
L’auteur et dessinateur de bandes dessinées Mathieu Sapin préside aux côtés de Michel-Édouard Leclerc le…